De nouveaux modèles de financement sont nécessaires pour la recherche en génie et en sciences
C’est ce qui ressort d’un rapport qui servira à orienter les discussions dans le cadre de l’élaboration du plan stratégique 2030 du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie.
Selon un rapport récent du Conseil des académies canadiennes, la recherche en génie et en sciences au Canada nécessitera des stratégies de financement novatrices pour s’adapter à un monde en constante évolution.
Les chercheurs canadiens font face à une concurrence accrue en présence de ressources publiques limitées. En plus de décourager les jeunes chercheurs, cela freine les initiatives de recherche purement scientifique et de collaboration internationale nécessaires pour affronter les défis comme la pandémie de COVID-19, selon le rapport publié le 4 mai dernier.
« Dans un environnement hyperconcurrentiel, les gens recherchent la sécurité, explique Shirley Tilgham, qui a présidé le groupe de huit experts qui s’est penché sur cet enjeu. Le problème, c’est qu’on décourageait la recherche à haut risque et à haut rendement. »
Mme Tilghman, biologiste moléculaire d’origine canadienne et ancienne rectrice de l’Université Princeton, a dirigé le groupe d’experts responsable de l’examen des pratiques de financement en recherche à l’échelle mondiale et leurs applications possibles au Canada. Le rapport de 144 pages, intitulé Dynamiser la découverte, propose un vaste éventail de pratiques éprouvées et prometteuses.
La segmentation du financement en fonction de l’étape de la carrière et le financement ciblé, par exemple, pourraient favoriser la diversité chez les chercheurs en début de carrière et soutenir leur perfectionnement. De même, le financement à long terme et les évaluations en double aveugle pourraient avoir le même effet pour la recherche en collaboration et à risque élevé.
Les retombées de la COVID-19
Bien que le rapport ait été commandé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) avant la pandémie, il a été inévitablement influencé par l’une des années les plus tumultueuses dans l’histoire de la recherche scientifique.
« La pandémie marquera profondément l’entreprise scientifique, note Mme Tilghman. Les gens ont découvert qu’ils peuvent facilement contourner les revues pour diffuser leurs résultats dans la sphère publique lorsque c’est important. »
Elle ajoute qu’au-delà de la prolifération des ressources en libre accès, la réponse à la pandémie de COVID-19 a été révélatrice. Le travail d’équipe et la collaboration internationale l’ont emporté sur l’importance traditionnelle accordée à la réussite individuelle dans les postes menant à la permanence. Les organismes subventionnaires ont dû faire preuve de souplesse et transférer de l’argent rapidement. Et les percées les plus importantes se sont appuyées sur des décennies de recherche expérimentale spéculative qui offrait peu de résultats évidents à l’époque.
Les fameux vaccins à ARN messager produits par Pfizer et Moderna, par exemple, sont grandement attribuables à Katalin Karikó, une chercheuse chevronnée de l’Université de Pennsylvanie qui s’est battue pendant des décennies pour obtenir du financement. Les deux vaccins ont été conçus en quelques heures suivant le dévoilement de la séquence génétique du virus de la COVID-19 par des chercheurs chinois.
Selon Mme Tilghman, pour favoriser les avancées futures, il est essentiel de continuer d’affecter une partie du financement public aux initiatives révolutionnaires, plutôt qu’uniquement aux besoins urgents ponctuels.
« Pratiquement tous les organismes subventionnaires nous ont dit vouloir reconnaître et financer la recherche à haut risque et à haut rendement, souligne Mme Tilghman. Ce type de recherche ne peut pas s’improviser ou se faire à bas coût. »
Le contexte canadien
Mme Tilghman a passé sa carrière aux États-Unis, mais a toujours gardé un œil sur le contexte canadien et la façon dont la recherche y est financée. C’est bien connu, la communauté des chercheurs au Canada est dominée par les universités et ne bénéficie pas d’investissements importants des secteurs privé et philanthropique, comme c’est le cas aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Elle éprouve pourtant des difficultés similaires à lancer la carrière de jeunes chercheurs de divers horizons.
Mme Tilghman indique qu’il est nécessaire d’expérimenter et de faire preuve de souplesse pour maintenir la diversité et la résilience de la main-d’œuvre scientifique au Canada. Le recours à des pratiques de financement de remplacement, comme le tirage au sort après une présélection des propositions, pourrait réduire les préjugés inconscients inhérents aux processus de demande de subvention qui désignent les bénéficiaires au terme d’une sélection rigoureuse.
« Il peut s’agir de préjugés contre le genre, l’ethnicité ou les établissements de petite taille, précise Mme Tilghman. Un tirage au sort permettrait d’éliminer en partie ces préjugés, en plus de réduire la quantité de travail nécessaire pour faire ces distinctions quasiment impossibles. »
Le rapport du Conseil des académies canadiennes ne formule aucune recommandation et n’a pas pour but d’analyser l’actuel financement de la recherche. Il sert plutôt d’outil permettant d’orienter l’élaboration des politiques. Le CRSNG a commandé le rapport dans le cadre de son plan stratégique pour 2030.
« Nous voyons cela comme l’étape zéro, indique Alejandro Adem, professeur de mathématiques de l’Université de la Colombie-Britannique et président du CRSNG. Les investissements doivent être stratégiques, et nous devons nous mobiliser et diffuser l’information. »
Dans les mois à venir, le CRSNG mènera des consultations au moyen de sondages, de documents de travail, d’ateliers et d’entrevues avec des dirigeants et des administrateurs universitaires canadiens. Un plan stratégique structuré est attendu pour le début de l’année prochaine.
M. Adem indique que le rapport constitue un guide informatif utile pour alimenter les discussions au sujet de la formule de financement adaptée au contexte canadien. Bien que la dernière année ait démontré l’importance de la science, des crises plus importantes, tel que le changement climatique, pointent à l’horizon.
Le CRSNG joue un rôle important dans la formation de milliers de Canadiens, dont bon nombre travaillent hors du cadre de l’enseignement supérieur. Selon M. Adem, la mesure du succès représente toujours un défi complexe et changeant, mais essentiel à l’avenir de la recherche au Canada.
« Le Canada dispose de scientifiques et d’ingénieurs remarquables, conclut-il. Nous devons veiller à maintenir et à améliorer nos acquis pour aller de l’avant. »
Postes vedettes
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Gestion, évaluation et politique de santé - Professeur(e) au rang d’adjoint ou d’agrégé (administration des services de santé et services sociaux)Université de Montréal
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
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