Un nouvel outil pour détecter le cancer du sein à un stade précoce
Une équipe de recherche de l’Université de Waterloo met au point une technologie innovante, moins coûteuse et plus sûre que les méthodes de diagnostic actuelles.
En 2021, alors qu’elle se douchait, Carolyn Holland a découvert une bosse sur son sein droit et une autre sur son sein gauche. Son médecin lui a remis une requête de mammographie et d’échographie, mais elle s’est vite aperçue qu’il était pratiquement impossible d’obtenir un rendez-vous.
« J’ai téléphoné à toutes les cliniques d’imagerie d’Ottawa; il n’y avait aucune plage disponible avant des mois, se rappelle Mme Holland, qui avait 43 ans à l’époque. J’en arrivais au point où je me disais qu’il valait peut-être mieux payer de ma poche et subir l’examen d’imagerie ailleurs. J’ai attendu très longtemps. Certes, la pandémie n’était pas tout à fait terminée, mais la situation est la même aujourd’hui. Tout le monde le dit, il y a un énorme retard à combler dans le dépistage préventif. »
Quatre mois après avoir découvert les bosses, elle a reçu un diagnostic de cancer du sein bilatéral synchrone de stade 2B. Après un traitement de chimiothérapie, elle a subi une mastectomie bilatérale et une biopsie des ganglions lymphatiques. La biopsie a révélé que trois ganglions lymphatiques étaient touchés, ce qui a conduit à une dissection des ganglions axillaires pour vérifier la présence d’autres cellules cancéreuses. Depuis, le rétablissement est difficile.
À l’Université de Waterloo, une équipe de recherche composée de trois scientifiques s’efforce d’améliorer le dépistage du cancer du sein pour les femmes comme Mme Holland. Elle a mis au point un dispositif technologique non invasif, plus précis et beaucoup moins coûteux à fabriquer que les outils de diagnostic les plus utilisés à l’heure actuelle, tels que la mammographie, la tomodensitométrie (TDM), l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et l’échographie.
« Nous voulons un produit efficace pour toutes les femmes, peu coûteux et sans effets néfastes sur la santé, explique Omar Ramahi, chercheur principal et professeur au Département de génie électrique et d’informatique de l’Université de Waterloo.
À cette étape-ci, nous sommes persuadés que notre produit peut être viable. »
Moins d’énergie qu’un téléphone intelligent
L’appareil que l’équipe met au point fonctionne en émettant de l’énergie électromagnétique à basse fréquence à partir d’une antenne semblable à celle que l’on retrouve dans un téléphone intelligent.
« Le système utilise des ondes radio à basse fréquence; il s’agit du pilier physique essentiel, explique M. Ramahi. En fait, notre appareil consomme beaucoup moins d’énergie qu’un téléphone intelligent. »
Pendant un examen de dépistage du cancer du sein, l’énergie pénètre le sein, puis est récupérée par une carte de circuits imprimés pixélisée.
« Chaque pixel capte l’énergie à sa portée; chaque console capte un certain niveau de puissance, ajoute M. Ramahi. En enregistrant cela, vous obtenez une image. »
M. Ramahi cherche une solution pour le dépistage du cancer du sein depuis 2001. Lors d’une percée dans ses travaux, son équipe a découvert que les très basses fréquences électromagnétiques se déplacent en ligne droite, comme les rayons X, mais sans les risques potentiellement sérieux de la radiation. Selon lui, l’équipe de recherche tente de résoudre les problèmes posés par les technologies actuelles de dépistage du cancer du sein.
« Un appareil de mammographie coûte entre 100 000 $ et 300 000 $Ce montant ne comprend pas les honoraires du radiologue qui doit interpréter les résultats ». Il ajoute que les mammographies peuvent être douloureuses et sont inefficaces chez les femmes ayant les seins denses. De plus, étant donné que la mammographie utilise des rayons X, il n’est pas recommandé d’y avoir recours fréquemment.
« Les femmes ne se verront recommander de passer une mammographie que tous les ans ou tous les deux ans, car les rayons X peuvent être ionisants. »
De même, les appareils de TDM sont coûteux et émettent des doses massives de rayons X, fait-il remarquer. Les appareils d’IRM sont coûteux, mais ils ne sont pas dangereux. Enfin, l’échographie est parfois utilisée pour le dépistage du cancer du sein, « mais elle n’est pas très efficace. »
M. Ramahi affirme que le prototype mis au point par son équipe sera également plus efficace pour les seins de densité élevée. Les seins des femmes sont classés en quatre catégories en fonction de la quantité de tissu fibroglandulaire qu’ils contiennent. Selon la Société canadienne du cancer, les femmes ayant un tissu mammaire dense courent un risque plus élevé d’être atteintes d’un cancer du sein. De plus, la forte densité mammaire rend plus difficile le dépistage par mammographie seulement. À ce jour, l’équipe de recherche a testé l’appareil sur des « fantômes » de sein – un modèle réaliste dont les propriétés ressemblent à celles d’un sein de femme – et les résultats sont encourageants.
« Jusqu’à présent, avec tous les tests que nous avons effectués à l’aide de fantômes, l’appareil répond à nos questions. L’énergie traverse-t-elle les seins denses? Absolument, la forte densité mammaire ne pose aucun problème. »
Du laboratoire à la clinique
Pour l’équipe de recherche, la prochaine étape consiste à mettre au point un prototype qui, avec l’approbation de Santé Canada, pourra être mis à l’essai sur des sujets humains. M. Ramahi et son équipe travaillent en partenariat avec une jeune entreprise, RBB Diagnostics, pour la conception et l’étude du prototype.
Stephen Bacso, président-directeur général de l’entreprise, a immédiatement reconnu le potentiel de cette technologie.
« J’ai tout de suite pensé que cet appareil pouvait révolutionner l’imagerie. Si chacun coûtait moins de 10 000 $ à produire, et non des millions, il serait possible de dépister le cancer du sein dans les cliniques médicales. Le dispositif démocratise en quelque sorte cette technologie; même dans les régions du monde qui n’ont pas les moyens de se procurer des appareils d’imagerie, il met ce genre d’examen à la disposition des gens. »
Les essais se dérouleront en deux étapes. Dans six à douze mois, l’équipe de recherche prévoit de tester l’appareil sur des volontaires à l’Université de Waterloo, sous l’autorité de l’établissement. La deuxième étape des essais aura lieu au Grand River Hospital de la même ville, où l’équipe médicale a déjà manifesté son intérêt pour la technologie.
« Je dirais que dans 12 à 24 mois, nous devrions pouvoir mettre le dispositif sur le marché et l’utiliser dans un cadre clinique », affirme M. Bacso. Il ajoute que la collaboration avec l’hôpital permettra à l’équipe de recherche de comparer directement son appareil avec les technologies actuelles de dépistage du cancer du sein.
« La patiente subira un examen à l’aide de notre appareil, ainsi qu’un examen par mammographie ou échographie. Nous comparerons les résultats afin de déterminer si les deux examens sont aussi efficaces ou si les résultats de l’appareil à ondes radio sont meilleurs que la mammographie. »
Une nouvelle voie à suivre
La vision d’Omar Ramahi est de contribuer à réduire les obstacles que les femmes doivent franchir en matière de dépistage du cancer du sein.
« Les données montrent que le taux de mortalité peut être considérablement diminué si les femmes détectent leur cancer à un stade précoce, explique-t-il. Nous voulons que les femmes puissent faire le test tous les mois si elles le souhaitent, dans une clinique abordable gérée par du personnel infirmier. »
Mme Holland, qui milite aujourd’hui pour l’accès des femmes au dépistage du cancer du sein, est tout à fait d’accord.
« Si cette technologie avait été disponible, elle aurait changé la donne pour moi, elle aurait changé toute la trajectoire de ma maladie. Si j’avais subi des examens de dépistage à 40, 41 et même 42 ans, mon cancer aurait été détecté avant de se propager à mes ganglions lymphatiques. Cela aurait pu signifier une tumorectomie et un traitement de radiothérapie au lieu d’une chimiothérapie très difficile suivie d’une double mastectomie, d’une dissection des ganglions lymphatiques et d’une radiothérapie. »
Postes vedettes
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Gestion, évaluation et politique de santé - Professeur(e) au rang d’adjoint ou d’agrégé (administration des services de santé et services sociaux)Université de Montréal
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