L’année 2021 en revue
Tout comme nous, vous auriez très certainement préféré voir l’année 2021 se transformer en l’année où la vie a repris son cours « normal ». Toutefois, à quelques jours de la fin de celle-ci, nous sommes une fois de plus appelés à réduire nos contacts sociaux dans le but de freiner le variant Omicron dans sa course. Question de vous changer un peu les idées, nous vous proposons de lire ou relire certains textes qui ont marqué les derniers mois dans le milieu de l’enseignement supérieur canadien. Nous avons jugé bon les rassembler sous quelques thématiques qui sont sorties du lot depuis janvier 2021. Comme le partage est le mot d’ordre en cette période plus festive, n’hésitez pas à faire suivre cette infolettre à vos collègues qui pourraient s’y intéresser.
Actualités marquantes en 2021
Liberté académique
Si la liberté académique fait partie intégrante de la vie universitaire, il n’est pas commun qu’on en parle autant à l’extérieur des murs des universités. À la suite de certains incidents très médiatisés, la ministre de l’Enseignement supérieur du Québec, Danielle McCann, a formé en 2021 un comité d’experts et l’a chargé d’effectuer un état des lieux dans le but de « faire des recommandations quant au rôle du gouvernement [du Québec] et du ministère de l’Enseignement supérieur en matière de liberté académique ». Au fil de l’année, le comité a tenu des audiences publiques, a reçu des mémoires et a rédigé son rapport.
Sans surprise, cet été, un de nos chroniqueurs a voulu revenir sur les fondements de ce qu’est et, surtout, n’est pas la liberté académique. Un peu plus récemment, Alexandre Beaupré-Lavallée, un autre chroniqueur, nous a expliqué dans un texte pourquoi la portée du rapport Bastarache, le document produit par un comité chargé de se pencher entre autres sur la liberté académique à l’Université d’Ottawa, risque d’être malheureusement limitée par les frontières physiques du campus de cette université.
Comme nous préparons actuellement un texte sur le rapport du comité d’experts rendu public le 14 décembre dernier, il n’y a aucun doute qu’en 2022, la liberté académique fera encore les manchettes. C’est donc un rendez-vous!
Enjeux francophones
Un autre sujet incontournable de l’année 2021 est nul autre que l’éducation en français à l’extérieur du Québec. Déjà en début d’année, alors que la majorité des cours étaient offerts à distance, certains professeurs enseignant en français dans des universités canadiennes se rassemblaient pour parler de la face cachée de l’enseignement à distance. Lors de cette table ronde, les participants ont notamment souligné que les cours virtuels avaient tendance à favoriser l’insécurité linguistique chez les étudiants. Quelques jours plus tard, le 1er février pour être précis, deux nouvelles d’importance sont tombées. La première : l’Université Laurentienne a annoncé son intention de se mettre à l’abri de ses créanciers en raison de son insolvabilité. La deuxième : le tout premier recteur de l’Université de l’Ontario français quittait le navire à quelques mois de l’ouverture officielle de l’établissement.
Le volet francophone de l’Université Laurentienne ayant été particulièrement touché par la restructuration de l’établissement, plusieurs intervenants de la communauté francophone du Grand Sudbury nous ont confié les réflexions que leur inspirait ce virage. En milieu d’année, l’Acfas a dévoilé une étude qui brossait un portrait inquiétant de la recherche en français en contexte minoritaire au Canada. On y apprenait donc qu’au pays, plus de 90 % des nouvelles revues créées depuis 2005 publient dans la langue de Shakespeare et qu’on retrouve de moins en moins d’articles en français dans les revues bilingues. Toujours en juin, l’Université de Sudbury annonçait avoir jeté son dévolu sur Serge Miville afin d’être le nouveau recteur de l’établissement et, par conséquent, celui qui mènerait le combat pour devenir la troisième université francophone de la province.
Les difficultés de l’Université Laurentienne ayant délié les langues, d’autres dirigeants universitaires ont décidé de jouer la transparence quant aux différents défis auxquels ils font face, notamment en matière de financement. En fin d’année, Joel Belliveau a couché par écrit ses réflexions en ce qui concerne la valeur ajoutée d’une université de langue française à l’extérieur du Québec pour sa communauté, un texte qui est loin d’être passé inaperçu et qui a récolté de nombreux commentaires positifs.
Malgré tout, 2021 se termine sur une note assez positive : l’Université de l’Ontario français, attendue depuis des décennies par la communauté franco-ontarienne, a officiellement été inaugurée en novembre. Bâtissant sur l’expérience qu’a été son premier trimestre, l’établissement se prépare déjà à sa deuxième année d’activité en adaptant ses stratégies de recrutement.
Équité, diversité et inclusion
À l’instar de la place croissante qu’elle occupe dans le milieu universitaire, cette thématique continue d’obtenir plus d’attention de notre part. Dès janvier, Mirjam Fines-Neuschild et Bibiana Pulido nous invitaient à repenser les bourses universitaires en fonction de l’équité, la diversité et l’inclusion. Ce texte donnait le ton pour les articles qui suivraient sur cet enjeux. En mars, on publiait un article de fond qui portait sur les plans d’action dont se sont dotées certaines universités québécoises afin de mieux marier les réalités autochtones et universitaires. Dans la même veine, on s’est intéressé aux divers moyens employés pour arriver à tresser les savoirs autochtones et occidentaux.
C’est aussi au cours de cette année qu’on a appris qu’en 2020, plus de 30 % des diplômés de Polytechnique Montréal étaient des femmes. Un objectif national fixé par Ingénieurs Canada que l’établissement a atteint 10 ans avant la date butoir. Ce succès ne permet toutefois pas de nier qu’il reste encore du travail à faire. Une étude du chercheur Vincent Larivière démontre qu’il existe encore bel et bien un fossé des genres en recherche.
La découverte des restes d’enfants autochtones au pays a d’ailleurs mis en évidence que le travail était loin d’être terminé en matière de vérité et de réconciliation. Un peu plus de cinq ans après le dépôt du rapport de la Commission de vérité et de réconciliation, Ian Munroe a recueilli de nombreux témoignages sur les efforts déployés à ce jour. Si certains universitaires autochtones estiment que des progrès importants ont été réalisés, d’autres y voient surtout de la rhétorique.
Au cours de l’été, un nouveau guide visant à clarifier les principales règles en matière d’équité, de diversité et d’inclusion à observer par les universités québécoises au moment de l’embauche a été lancé. Si cette initiative a été accueillie positivement par le milieu universitaire, reste que certaines tensions persistent au sein du réseau. D’ailleurs, on a consacré un article de fond à la lutte contre le racisme anti-Noirs en milieu universitaire. À peine un mois après la publication de ce texte, l’Université de Montréal nommait Frantz Saintellemy à titre de chancelier. « J’ai 48 ans, je suis noir et je travaille dans les technologies », s’était-il alors décrit. Conscient qu’il n’a pas le profil type, le nouveau chancelier estime que ce choix démontrait le leadership de l’établissement.
Une autre première digne de mention est bien sûr le Forum national sur la réconciliation, qui, pour la toute première fois en 2021, était organisée par des universités québécoises. Ce rassemblement auquel 400 personnes ont participé aura notamment permis d’identifier des pistes à explorer pour faire avancer le travail en milieu universitaire.
En octobre, on a publié un essai signé par Julie Cafley, une spécialiste en leadership dans l’enseignement supérieur. Ce texte explique pourquoi les femmes sont moins susceptibles d’être nommées rectrices ou de terminer leur mandat. Un texte qui a suscité la réflexion chez de nombreux universitaires. Quelques semaines plus tard on s’intéressait aussi au travail de deux professeures de l’Université de Sherbrooke qui documentent les expériences de violence sexuelles vécues par les étudiant.e.s s’identifiant en tant que minorités sexuelles et de genre. Comme quoi, il y a toujours place à l’amélioration en matière d’équité, de diversité et d’inclusion.
Retour à la « normale »
Impossible d’y échapper complètement, l’une des thématiques dont il a abondamment été question au cours des derniers mois est bien entendu le retour en personne sur les campus, ou ce qu’on a affectueusement pris l’habitude d’appeler le retour à la « normale ». Dès le mois de mars, on s’intéressait à ce qui nous attendait une fois la pandémie derrière nous. D’ailleurs, l’expert en santé publique et, à ce moment, prochain recteur de l’Université de Waterloo, Vivek Goel, expliquait d’où provenait le trop-plein d’information sur la COVID-19 et ce qu’il entrevoyait pour le milieu universitaire dans l’après-pandémie. Un peu plus tard en mai, on publiait un texte sur les démarches qu’effectuaient les universités en matière de santé mentale en prévision du retour sur les campus à l’automne. Toujours en mai, les universités ont commencé à s’interroger sur la pertinence d’exiger ou non que les personnes appelées à fréquenter le campus soit vaccinées. Un débat qui n’a pas été dénué d’intérêt.
En juin, nous avons tenté d’imaginer quelle forme prendrait la nouvelle « normalité » sur les campus. On s’est donc entretenu avec des personnes occupant différents postes dans plusieurs universités du pays pour savoir quels changements apportés depuis 2020 allaient s’ancrer durablement dans leurs pratiques. Cet espoir de retour sur les campus a été accompagné par un afflux de demandes d’admission. Certains établissements ont même établi de nouveaux records en la matière.
Après en avoir parlé pendant des mois, les universités ont dû faire face à la musique en septembre. Si certaines ont misé sur la sobriété des activités d’intégration, d’autres ont tout simplement été débordées par la volonté des étudiants à se retrouver et à faire la fête. Longuement débattue, la question de l’obligation vaccinale a refait surface à l’automne puisque de nombreuses universités ont choisi d’élaborer leur propre politique de vaccination, contrairement à l’approche privilégiée par le gouvernement du Québec. Les divers établissements ont profité du mois d’octobre pour regarder un peu plus attentivement les traces laissées par la pandémie dans leurs comptes bancaires. Un rapport de Statistique Canada évaluait que les universités du pays ont essuyé des pertes de revenus prévus atteignant entre 438 millions et 2,5 milliards de dollars pour l’année 2020-2021.
Parce que la menace de la pandémie n’a jamais été bien loin au cours des derniers mois, les universités ont cru bon d’aller de l’avant avec la modernisation d’urgence de leurs systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation. Ce n’est d’ailleurs pas le seul changement majeur que la situation impose : les attentes du personnel en ce qui concerne les formules de travail flexible évoluent et les universités explorent les façons de s’y adapter.
Au moment d’écrire ces lignes, le variant Omicron force le retour de certaines mesures, de nombreuses universités ont pris la décision de livrer virtuellement leurs premières semaines de cours cet hiver, l’équipe d’Affaires universitaires ne peut que vous souhaiter la santé pour 2022.
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