Peu importe l’angle avec lequel on aborde l’année 2021, force est de constater qu’elle aura été exceptionnelle. Une autre année que nous ne sommes pas près d’oublier. Malgré tout, nous avons lu, rédigé, révisé et produit des centaines d’articles. Sans surprise, une bonne partie d’entre eux portent sur les effets de la pandémie dans le milieu universitaire. Quatre de ces textes nous ont particulièrement parlé et nous avons pris quelques minutes pour vous expliquer pourquoi nous les avons autant appréciés.

La partie cachée de l’iceberg

En tant qu’Acadienne qui a fait le choix d’étudier à l’Université Laval et qui a consacré la majeure partie de sa carrière à travailler en français dans des communautés francophones en situation minoritaire, il est difficile d’expliquer ce que représente le fait de cosigner cet article de fond sur les défis particuliers auxquels font face les universités offrant des programmes en français à l’extérieur du Québec. Mais, laissez-moi tout de même tenter de le faire. Bien qu’avec l’année qu’ont eu ces établissements, on pourrait croire que ce sont les événements des 12 derniers mois qui nous ont poussés à publier ce texte, mais ce n’est pas exactement le cas. Bien sûr, tout ce qui s’est passé à l’Université Laurentienne en 2021 a précipité les choses, mais reste que ça tient à plus que cela.

Depuis des années maintenant, les universités offrant des programmes en français doivent jongler avec des difficultés financières. L’une des sources pour cet article le dit sans détour : « Un des enjeux, c’est la question des finances, on n’apprend rien à personne. » Et elle a raison. Les francophones de partout au pays ne connaissent que trop bien l’impact que peuvent avoir ces contraintes, instinctivement, on pense au fait que certains francophones prendront la difficile décision d’étudier en anglais parce que le programme qui les intéresse n’est plus offert en français alors que d’autres s’exileront pour être en mesure de baigner dans un environnement où règne le français.

Si ce texte n’avait mené qu’à une meilleure compréhension de certains des enjeux qui expliquent leur fragilité, j’aurais déjà été satisfaite. Mais étrangement, c’est la traduction de l’intégralité de ce texte en anglais qui me rend le plus fière. Trop souvent, cette discussion sur la pertinence et la nécessité d’offrir une éducation de qualité en français au Canada est confinée aux groupes francophones. Avec ce texte, Affaires universitaires a servi de pont entre les deux solitudes canadiennes. Et je ne vous le cacherai pas, cette constatation est accompagnée d’un très agréable sentiment du devoir accompli.

— Pascale Castonguay, rédactrice/réviseure francophone 


Un laboratoire secret tiré de l’oubli

Bien qu’en 2021, la plupart de nos articles traitaient d’enjeux de l’heure, l’excellent reportage de Jean-François Venne sur le laboratoire nucléaire que l’Université de Montréal a brièvement hébergé nous ramène au tumulte de la Deuxième Guerre mondiale. En 1942, les scientifiques de ce laboratoire secret avaient bon espoir d’arriver à créer le matériel fissile nécessaire à la fabrication d’une bombe destinée à la course à l’arme nucléaire des Alliés. Ces deux courtes années d’activité du laboratoire ont plutôt surtout servi à jeter les bases de l’industrie nucléaire canadienne. Aujourd’hui, la seule trace de son existence est une plaque commémorative installée sur un mur du bâtiment qui l’a hébergé, soit le pavillon Roger-Gaudry. Comme l’explique l’historien des sciences Yves Gingras dans l’article : « Nous n’aurions pas dû devenir un joueur majeur dans le nucléaire. Seul un concours de circonstances lié aux contingences de la guerre a provoqué cet essor du nucléaire au Canada. Comme toujours, connaître le passé aide à comprendre le présent. » Pour ma part, cette histoire me permet aussi de saisir l’ampleur des contributions, tant à l’échelle nationale que mondiale, que nous devons aux chercheurs universitaires, eux qui travaillent souvent dans l’ombre.

— Ian Munroe, rédacteur en chef


Prenons une grande respiration

J’ai ri jaune quand j’ai lu le titre de la chronique d’Alexandre Beaupré-Lavallée parue en septembre dernier. « Prenons une grande respiration », sérieusement? Depuis que la pandémie nous a confinés chez nous en mars 2020, j’ai l’impression que la cadence de travail n’a jamais ralenti. Avec les enfants qui font l’école à la maison, la proximité de son conjoint pendant toute la journée, les repas à préparer et toutes les inquiétudes à ressasser, impossible de prendre une pause pour souffler un peu. Toutefois, les universités ont fait de leur mieux cet automne pour regagner un semblant de normalité en rouvrant les portes de leurs campus aux étudiants et aux membres du personnel. C’était le bon moment pour tenter de résoudre certains des problèmes exacerbés par la pandémie. Alexandre a dressé une liste d’enjeux méritant qu’on s’y attarde. Cette liste comprenait « la santé mentale au sein des personnels universitaires, la lutte aux agressions à caractère sexuel sur les campus, les conséquences à moyen terme des déficits monstres encourus par les gouvernements pour faire face à la pandémie, les pressions du manque de main-d’œuvre sur le marché universitaire, et l’impact résiduel du succès de l’enseignement à distance sur l’organisation des activités universitaires et sur la demande étudiante ». Une accalmie de quelques mois du nombre de cas nous a permis de prendre cette grande inspiration et de nous pencher sur ces enjeux.

Malheureusement, à l’heure où j’écris ces lignes, le variant Omicron se propage dans tout le pays, et je sens ma gorge se serrer à nouveau. J’ai une impression de déjà-vu. Je tâcherai donc de me souvenir des phrases de la fin de la chronique d’Alexandre : « Nous n’en sommes pas encore à l’étape des leçons à retenir. Nous en sommes encore aux étapes d’apprendre et d’éteindre des feux. »
— Tara Siebarth, rédactrice en chef adjointe par intérim


Où en sont la vérité et la réconciliation dans les universités canadiennes

Comme graphiste, on m’a confié la tâche de concevoir la page couverture et la mise en page d’un article de fond sur la vérité et la réconciliation dans notre édition de septembre-octobre. Comme toujours, mon travail a commencé par une histoire, celle du progrès accompli dans les dernières années par les universités canadiennes en ce qui a trait à la vérité et la réconciliation. C’était difficile de trouver une manière à la fois saisissante et respectueuse de mettre en image cet article, mais il est rapidement devenu évident que la meilleure solution était une approche typographique simple. La page couverture montre la poignante déclaration commune des partenaires du site Shingwauk. Les mots percutants, sur fond neutre, intriguent le lecteur, qui, une fois dans l’article, voit une règle illustrant la distance séparant les termes « vérité » et « réconciliation ». L’écart est grand, ce qui invite le lecteur à se questionner sur le progrès réalisé. Y a-t-il de l’espoir pour l’avenir, et s’agit-il d’une « vague porteuse, d’un tournant vers le rétablissement »?

— Judith Lacerte, graphiste principale

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