Dans les coulisses des campus

Pleins feux sur des gens qui passent parfois inaperçus sur les campus, même s’ils jouent un rôle important pour leurs universités.

27 février 2018

Ils ne sont ni recteur, ni doyen, ni professeur. Toutefois, ces quatre personnes font un travail essentiel pour assurer le bon fonctionnement de leurs établissements.

Une université bien nourrie

Vijay Nair, directeur des cuisines aux services d’accueil, Université de Guelph

« J’ai travaillé à plusieurs endroits, mais jamais je n’ai ressenti un tel sens des responsabilités et un travail d’équipe aussi intense qu’ici, affirme Vijay Nair, directeur des cuisines aux services d’accueil de l’Université de Guelph. Nos journées sont longues et ardues, mais il règne ici un grand sentiment d’appartenance qui pousse tout le monde à faire de son mieux pour le département et l’Université. »

À son poste actuel, M. Nair met à profit des compétences variées et une vaste expérience. Il a reçu une formation à l’école culinaire de Trivandrum, une ville dans le sud de l’Inde qui l’a vu naître et grandir, puis a commencé sa carrière dans des cuisines commerciales en 1996. Après avoir travaillé dans des hôtels de luxe en Inde, M. Nair s’installe au Canada en 2003. Il travaille alors dans plusieurs hôtels de Toronto tout en suivant des cours de cuisine au Collège George Brown. Avant et après son arrivée au Canada, il a aussi travaillé sur des navires de croisière Royal Caribbean.

M. Nair a obtenu le poste de sous-chef à l’Université de Guelph en 2010 pour finalement devenir directeur des cuisines en 2015. Il est responsable de 7 cuisines de production, où 3 sous-chefs, 4 chefs cuisiniers, 22 cuisiniers et 20 apprentis préparent en moyenne 15 000 repas par jour pour nourrir les clients parmi les 5 000 étudiants des résidences, les 4 000 employés de l’Université et les quelque 18 000 visiteurs quotidiens (dont des étudiants, des dignitaires et des professeurs), et ce, depuis les 19 comptoirs alimentaires du campus. (L’Université de Guelph gère elle-même son service alimentaire, alors que la plupart des universités canadiennes utilisent des fournisseurs tiers.)

M. Nair aime par-dessus tout préparer les repas qui mettent en valeur les talents culinaires grâce auxquels l’Université s’est vue récompensée pendant 10 années consécutives pour la qualité supérieure de sa nourriture (selon le vote des étudiants) et qui ont valu à M. Nair de nombreux prix individuels. « Les légumes et les repas colorés et savoureux sont ma spécialité, dit M. Nair. Comme notre université est axée sur l’agriculture et le développement durable, nous utilisons autant d’ingrédients locaux que possible. Mes cuisiniers aiment servir des repas faits avec des ingrédients de grande qualité. »


Un organisateur organisé

Eric Couture, coordonnateur d’opérations, Bureau du secrétaire général, Université Laval

Membre de l’association étudiante de sa faculté pendant ses études de premier cycle, puis président à sa dernière année, Eric Couture a toujours aimé organiser des événements d’envergure, comme des concours à l’école de gestion et des activités d’orientation. « À force de planifier et d’organiser des événements, je suis devenu qualifié dans ce domaine », raconte M. Couture.

Après avoir obtenu son diplôme, il a travaillé en vente et en marketing pendant cinq ans, mais la passion de M. Couture pour l’organisation l’a irrémédiablement ramené à son alma mater. Il a d’abord été embauché par la Faculté de pharmacie en 2003 pour organiser des collectes de fonds et d’autres activités d’envergure. Depuis 2012, il fait partie de l’équipe de l’administration générale de l’Université, et organise les cérémonies annuelles de remise des diplômes.

Lors des cérémonies ayant lieu les deux premières fins de semaine de juin, quelque 4 500 étudiants (parmi environ 12 000 diplômés annuellement) reçoivent leur diplôme. « Ces journées sont les plus enivrantes de l’année », affirme M. Couture, qui crée les listes d’invitation et s’occupe des diplômés pendant la cérémonie, des tâches qui demandent des mois de planification.

« Notre équipe d’une soixantaine de personnes a beaucoup de pain sur la planche. Nous voyons à ce que les diplômés enfilent leur toge, aillent chercher leur diplôme, puis nous remettent la toge pour que nous puissions préparer la prochaine cérémonie. » Mais M. Couture ne se lasse jamais de voir la fierté et la joie des diplômés et de leurs familles. « Les visages s’illuminent. C’est vraiment le plus beau cadeau pour un organisateur d’événements. »


Propreté et travail bien fait

Niloufar Rohani, superviseure de l’entretien, Université de Calgary

Niloufar (deuxième rangée, à la gauche, en pantalons gris) avec son équipe en 2016.

Équité et respect, voilà les fondements sur lesquels s’appuie Niloufar Rohani chaque jour pour diriger son équipe de 49 femmes et hommes qui nettoient les aires communes, les salons, les cuisines, les salles de bain et parfois les chambres des résidences pour étudiants sur le campus de l’Université de Calgary.

« Un travail en entretien ménager n’est pas une source de motivation pour tous, explique Mme Rohani, superviseure de l’entretien à l’Université. J’essaie donc de créer pour mon équipe un environnement agréable, respectueux et gratifiant, tout en offrant aux étudiants un service professionnel. »

Diplômée universitaire en Iran, Mme Rohani est arrivée au Canada en 2010. Elle a perfectionné ses compétences en gestion dans le grand magasin La Baie de Calgary, où elle dirigeait cinq rayons de vêtements pour femmes. Depuis 2014, elle est responsable des services de nettoyage quotidien des huit immeubles des résidences du campus de l’Université de Calgary, ainsi que des 250 maisons de ville réservées aux étudiants mariés et à leur famille.

« Notre saison la plus occupée est l’été, lorsque l’Université est l’hôtesse des conférences et que des visiteurs y séjournent pour quelques jours ou quelques mois, dit Mme Rohani. Et en août, c’est le sprint final pour nettoyer en profondeur les murs, les planchers, les tapis et les meubles avant le retour des étudiants. »

Elle n’hésite pas à louanger son équipe, composée principalement d’immigrantes du monde entier. « J’admire mon équipe, dit Mme Rohani. Elle est formée de personnes dévouées et infatigables. C’est un réel plaisir de les côtoyer chaque jour. »


Intercepter les virus

Colin McFadyen, superviseur, services des technologies de l’information, Université Carleton

Un matin de novembre 2016, Colin McFadyen allume son ordinateur comme à l’habitude à l’Université Carleton et découvre une bien mauvaise surprise. « J’ai reconnu la signature virale d’un rançongiciel, se souvient le superviseur des services des technologies de l’information de l’Université. J’ai tout de suite su que ça ne présageait rien de bon. »

M. McFadyen découvre peu après que tout le réseau informatique de l’Université Carleton a été infecté par un rançongiciel, un programme malveillant qui empêche les utilisateurs d’un système d’y accéder. Les pirates informatiques fournissent les clés de déchiffrement en échange d’une rançon, dans ce cas-ci des bitcoins.

L’équipe de M. McFadyen s’est empressée de demander aux étudiants et aux membres du corps professoral de l’Université d’éteindre leurs ordinateurs et de ne pas les utiliser jusqu’à nouvel ordre. Lui et plus de 100 membres des services des technologies de l’information de l’Université Carleton ont travaillé pendant 24 heures pour stopper le virus, restaurer les systèmes à partir des sauvegardes et rétablir le service de courriel.

« La première journée a été la pire », explique M. McFadyen au sujet de l’attaque qui s’est révélée la plus grave de l’histoire de l’Université et la première d’une série d’attaques par rançongiciels visant les principaux établissements canadiens. « Il a fallu quelques jours, mais nous avons fini par tout rétablir. »

M. McFadyen a commencé à travailler à l’Université Carleton en 1982, comme opérateur d’ordinateur à temps partiel. Il gère maintenant un centre de données comprenant 80 serveurs physiques et 400 serveurs virtuels. Son secret pour maintenir et protéger le réseau? Faire des copies de sauvegarde des données produites par les 30 000 utilisateurs actifs du système. Et avoir un excellent plan de sécurité. « L’équipe de sécurité a pris de l’ampleur, dit-il. Nous sommes les gardiens des données centrales et des communications de l’Université. Nous ne nous ennuyons jamais. »

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