Enseigner la planification à rebours comme technique d’étude
En visualisant dès le départ la forme finale d’un travail, les étudiant.e.s peuvent en cerner les étapes vraiment nécessaires.
Dès novembre, professeur.e.s et étudiant.e.s voient venir la fin du trimestre d’automne. À ce stade, il est tentant de se contenter d’arriver au fil d’arrivée et de garder les nouvelles idées pour l’hiver. Or la fin du trimestre offre aux professeur.e.s une occasion d’aider les étudiant.e.s à bien se préparer aux évaluations finales. Quelques minutes de cours suffisent.
Les étudiant.e.s se présentent en classe avec des forces et des besoins différents sur le plan de l’apprentissage. Intégrer aux cours l’enseignement explicite de stratégies d’étude les outille pour réussir et contribue à réduire les inégalités de compétences méthodologiques. Selon Ulrich Boser, « lorsque les professeur.e.s enseignent à apprendre, les étudiant.e.s réussissent beaucoup mieux en classe. Les effets sont particulièrement notables chez les personnes issues de milieux défavorisés, qui n’ont peut-être pas acquis de solides compétences d’apprentissage au secondaire ». En outre, l’enseignement explicite peut grandement bénéficier aux étudiant.e.s neurodivergent.e.s.
Une technique efficace à enseigner en classe est la planification à rebours.
La plupart du temps, on planifie en réfléchissant à un objectif à atteindre, puis en traçant étape par étape le chemin pour y parvenir. Selon cette approche « prospective » répandue, on détermine les étapes en ordre chronologique. La planification à rebours, ou planification inversée, suit plutôt l’ordre antichronologique. Comme le décrit Tynan Gable, il s’agit d’« inverser l’ordre de planification afin de déterminer la marche à suivre la plus efficace pour atteindre votre objectif final ».
Pour les étudiant.e.s, cela signifie de visualiser l’objectif final – le travail ou l’examen achevé selon le degré de qualité souhaité – et de remonter en amont à partir du résultat souhaité, en procédant une étape à la fois. La planification à rebours peut aider les étudiant.e.s à mieux cerner les étapes vraiment nécessaires, et ainsi à éviter de perdre leur temps avec des tâches secondaires.
Une fois les étapes nécessaires connues, les étudiant.e.s peuvent fixer la date d’échéance de chacune d’entre elles en procédant de nouveau par ordre antichronologique. Comme l’explique Linda Flanagan, « pour planifier à rebours un rapport de recherche, par exemple, on commence par déterminer la date de remise, puis le moment où il faudrait avoir terminé la première version du rapport, puis la recherche, et ainsi de suite jusqu’au moment présent ».
Les études suggèrent que la planification à rebours peut favoriser le succès des étudiant.e.s. Selon celle réalisée en 2018 par Jooyoung Park, Fang-Chi Lu et William Hedgcock, « la planification à rebours, comparativement à la planification prospective, apporte une plus grande motivation, amène la personne à se fixer des objectifs plus élevés, et permet une meilleure gestion du temps, en plus de renforcer la cohérence entre objectif et rendement ».
Les professeur.e.s peuvent eux aussi bénéficier de cette méthode. J’ai enseigné la planification à rebours à mes étudiant.e.s pendant des années, et j’ai pu observer une baisse des demandes de prorogation et des retards, ainsi qu’une hausse de la qualité des travaux.
Établir un échéancier à rebours
Il existe plusieurs façons d’aider les étudiant.e.s à utiliser la planification à rebours. Personnellement, j’aime leur montrer comment établir un échéancier à rebours en prévision d’un travail important, par exemple le rapport de fin de trimestre. Je consacre à cet exercice environ 10 à 15 minutes de temps de classe. On peut facilement transposer cette logique à la préparation de l’examen final.
La première partie de l’exercice se déroule en petits groupes. Les étudiant.e.s commencent par imaginer, en s’appuyant sur la description du travail et la grille d’évaluation, leur travail achevé. Je leur demande alors de déterminer à rebours les tâches que leur « moi futur » devra accomplir pour parvenir à ce résultat. Chacun.e note les réponses dans sa propre liste antichronologique, à commencer par la soumission du rapport. Pendant ce temps, je me promène dans la salle pour répondre aux questions. Tout cela dure environ cinq minutes.
Ensuite, les étudiant.e.s trouvent individuellement une date pour chaque élément de la liste, de l’échéance finale jusqu’au moment présent. Une fois cette étape terminée, les étudiant.e.s peuvent présenter leur échéancier à leurs collègues et en discuter brièvement.
Aider les étudiant.e.s à appliquer leur échéancier à rebours
J’invite toujours les étudiant.e.s à prendre une minute ou deux pour ajouter ces échéances au calendrier de leur téléphone (ainsi que des rappels). Je sais par expérience que certaines personnes le font, et que d’autres choisissent de ne pas le faire. Je les informe que je ferai un suivi lors des prochains cours, pour discuter de leurs progrès. Et je tiens ma promesse : aux cours suivants, je demande aux étudiant.e.s de prendre une minute pour évaluer, individuellement ou en groupes de deux, l’évolution de leur travail en fonction de leur échéancier, et de l’ajuster au besoin. J’en profite pour leur rappeler les différentes ressources à leur disposition sur le campus, dont le centre de rédaction, les services de soutien et les pages d’aide des bibliothèques, ainsi que les services de santé mentale.
Comme je l’ai mentionné, j’enseigne la planification à rebours depuis des années. Bon nombre d’étudiant.e.s m’ont dit que cette méthode les aidait. Et même si ce temps de classe n’est pas consacré au contenu du cours, je pense que l’exercice aide les étudiant.e.s à développer leurs compétences en gestion de temps et de projet, et donc en retour à assimiler la matière. Je sais par expérience que ce compromis en vaut la peine.
Quelques ressources sur la planification à rebours
En plus d’enseigner la planification à rebours à proprement parler, il existe des ressources à faire connaître aux étudiant.e.s. Le Centre d’apprentissage virtuel de l’Université de Victoria contient plusieurs ressources sur la planification à rebours pour les étudiant.e.s, dont des listes d’étapes détaillées, des exemples visuels d’échéanciers et une courte vidéo explicative YouTube. Le Bureau de la réussite étudiante de l’Université de Waterloo a conçu une feuille de planification à rebours pour les étudiant.e.s. Le conseiller à la vie étudiante Seth Perler propose une vidéo YouTube sur la planification à rebours d’un examen. Le centre d’enseignement et d’apprentissage ainsi que la bibliothèque de votre université pourraient également offrir de telles ressources.
Postes vedettes
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Doyen(ne), Faculté de médecine et des sciences de la santéUniversité de Sherbrooke
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
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