Instaurer une culture du consentement
Quelques stratégies pour la promotion de relations respectueuses sur les campus.
En 2020, Statistique Canada publiait des données selon lesquelles en 2019, 71 % des étudiant.e.s universitaires au pays ont subi des comportements sexualisés non désirés, ou en ont été témoin, dans un établissement d’enseignement postsecondaire (soit directement sur le campus ou dans une situation impliquant des étudiant.e.s ou d’autres personnes associées à l’établissement). En août 2022, l’organisme rapportait également que l’agression sexuelle est le seul crime violent pour lequel le nombre de cas ne diminue pas au Canada. En fait, plus de 34 200 agressions sexuelles ont été dénoncées au Canada en 2021, ce qui représente une augmentation de 18 % par rapport à 2020 et constitue le plus grand nombre depuis 1996. Or, malgré l’augmentation des dénonciations, le nombre de signalements à la police reste très faible. En 2019, seulement 6 % des agressions sexuelles commises l’année précédente avaient été signalées à la police. Près d’une femme sur sept affirme avoir été agressée sexuellement dans un établissement postsecondaire canadien.
À la lumière de ces statistiques troublantes, une chose est claire : les universités doivent en faire plus pour instaurer une culture du consentement sur leurs campus.
Voici quelques mesures qu’elles peuvent prendre pour créer des environnements sûrs, respectueux et équitables qui privilégient le bien-être de l’ensemble des étudiant.e.s et du personnel.
Programmes exhaustifs d’éducation au consentement
Les universités peuvent mettre en place une culture du consentement en offrant des programmes d’éducation qui vont au-delà du simple « non, c’est non » et en abordant le consentement dans toutes ses nuances, notamment l’importance de l’accord continu et enthousiaste. Ces programmes peuvent prendre la forme d’ateliers, de séminaires et de ressources en ligne qui aideront les étudiant.e.s et les professeur.e.s à comprendre le consentement dans divers contextes, comme les relations intimes, les collaborations universitaires et les activités parascolaires.
Notions sur le consentement à même les programmes d’étude
L’intégration du consentement aux programmes d’études est un moyen efficace de le placer au cœur de votre culture. Beaucoup de disciplines se prêtent très bien à des discussions liées au consentement, par exemple la psychologie, la sociologie, les études de genre ou l’éthique. Cette approche garantit que les étudiant.e.s abordent le concept dans plusieurs disciplines et reconnaissent sa pertinence dans divers aspects de la vie.
Politiques claires et applicables
Les universités doivent se doter de politiques claires et applicables qui traitent du consentement dans tous les aspects de la vie sur le campus, y compris l’inconduite sexuelle, l’intégrité universitaire et le comportement organisationnel. Ces politiques doivent définir les attentes, les procédures de signalement des infractions et les conséquences pour les contrevenant.e.s. En veillant à ce qu’elles soient connues de tout le monde et appliquées de manière cohérente, on favorise une culture de la responsabilité.
Ressources d’aide et mécanismes de signalement
Il est primordial de fournir des ressources facilement accessibles aux victimes de violations du consentement : services psychologiques, mécanismes de signalement confidentiel, personnel qualifié capable de guider les survivant.e.s tout au long du processus de signalement et de rétablissement, etc. Ces ressources soutiennent non seulement les survivant.e.s, mais témoignent également d’un engagement à réagir aux enjeux liés au consentement.
Programmes d’orientation axés sur le consentement
Il n’y a pas meilleure plateforme que les programmes d’orientation pour inculquer une culture du consentement aux étudiant.e.s de première année. En les exposant à des ateliers et à des discussions sur le consentement dès leur arrivée, on leur envoie le signal que leur expérience universitaire doit se dérouler sous le signe du respect et de la compréhension.
Mobilisation des organisations et clubs étudiants
Les organisations et clubs étudiants jouent un rôle essentiel dans l’évolution de la culture d’un campus. Les universités peuvent collaborer avec ces groupes pour promouvoir la sensibilisation et l’éducation au consentement. Encourager les clubs à adopter et à promouvoir des politiques et des pratiques liées au consentement peut avoir des retombées considérables pour la qualité de la vie étudiante.
Formation des professeur.e.s et du personnel
Il est essentiel de fournir une formation continue aux professeur.e.s et aux membres du personnel pour veiller à ce que la culture du consentement soir comprise et respectée. Les professeur.e.s pourraient suivre des ateliers pour apprendre à reconnaître et à traiter les violations du consentement dans le cadre universitaire, tandis que le personnel administratif pourrait recevoir une formation sur le soutien aux survivant.e.s et le traitement efficace des signalements.
Promotion du dialogue ouvert
Il est primordial de créer des cadres propices à un dialogue ouvert sur le consentement. Il peut par exemple s’agir de forums, de tables rondes ou de réunions publiques où les étudiant.e.s, les professeur.e.s et les autres membres du personnel peuvent discuter de sujets liés au consentement, faire part de leurs expériences et poser des questions. Encourager des conversations ouvertes et respectueuses contribue à effacer les barrières tout en favorisant une culture de la compréhension et de l’empathie.
Évaluation et adaptation
Les universités devraient évaluer régulièrement l’efficacité de leurs actions visant à instaurer une culture du consentement. En recueillant les réactions des étudiant.e.s et du personnel ainsi qu’en apportant les ajustements nécessaires aux politiques et aux programmes, l’établissement maintient son engagement à créer un environnement sûr et respectueux sur le campus.
Partenariats locaux
Les universités peuvent renforcer leurs initiatives en collaborant avec des organismes et groupes de défense des droits locaux qui œuvrent dans le domaine de l’éducation au consentement et de la prévention des agressions sexuelles. Ces partenariats peuvent apporter ressources, expertise et perspectives supplémentaires aux universités, contribuant ainsi à une approche globale de la mise en œuvre de la culture du consentement.
La culture du consentement est d’une importance vitale sur les campus, car elle jette les bases d’un environnement sûr, respectueux et équitable. Elle contribue non seulement à prévenir les agressions sexuelles et le harcèlement, mais aussi à favoriser un climat dans lequel les étudiant.e.s peuvent exprimer librement et sans crainte leurs limites et leurs désirs. Elle encourage le dialogue ouvert et l’éducation sur le consentement, permettant aux étudiant.e.s de prendre des décisions éclairées sur leurs relations et interactions. En promouvant la culture du consentement, les universités créent des espaces où les étudiant.e.s peuvent s’épanouir sur le plan émotionnel, social et scolaire, tout en veillant au respect de l’autonomie et du bien-être de chacun.e.
Leisha Toory (elle) est étudiante au baccalauréat en sciences politiques à l’Université Memorial de Terre-Neuve-et-Labrador. Elle a fondé le Period Priority Project et milite pour la santé et les droits sexuels et reproductifs.
Postes vedettes
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Doyen(ne), Faculté de médecine et des sciences de la santéUniversité de Sherbrooke
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1 Commentaires
J’ai adoré cet article sur l’instauration d’une culture du consentement ! C’est tellement crucial de parler de ça, et l’auteur a vraiment cloué le sujet. Les explications étaient claires, et j’ai apprécié comment l’article a mis en lumière l’importance de respecter les limites de chacun. On devrait tous intégrer cette culture du consentement dans nos vies, que ce soit dans nos relations personnelles, professionnelles, partout ! Ça crée un environnement plus sain et respectueux. Bravo à l’auteur pour cet excellent rappel.