Les étudiants aux cycles supérieurs apprécient-ils les ressources d’orientation de carrière?

Les directeurs de thèse et de programme aux cycles supérieurs doivent encourager l’utilisation de ces ressources.

13 septembre 2019
resume and laptop on table

En 2014, l’organe législatif des étudiants aux cycles supérieurs de l’Université de Californie à Berkeley a mené une étude sur les principaux facteurs qui influencent le bien-être des étudiants. Le sondage réalisé auprès de 790 étudiants aux cycles supérieurs a donné des résultats inattendus. Le facteur déterminant en matière de bien-être, de dépression et de la satisfaction personnelle des étudiants réside dans leurs croyances concernant leurs perspectives de carrière. Un étudiant explique : « Mes perspectives d’emploi constituent ma principale source d’anxiété. Elles sont très incertaines, et ça m’angoisse. » La situation est encore pire pour les doctorants, qui se sentent « moins optimistes quant à leurs perspectives de carrière » que les étudiants à la maîtrise et moins soutenus par les ressources qu’ils jugent nécessaires à leur réussite à long terme.

Une enquête mondiale menée auprès de 5 700 doctorants abonde dans le même sens. Selon les chercheurs de Nature Biotechnology, 55 pour cent des participants se disent d’abord et avant tout préoccupés par leur parcours professionnel, et les aspirations professionnelles de bon nombre d’entre eux demeurent floues. Seuls 15 pour cent d’entre eux affirment avoir trouvé utiles les ressources d’orientation de carrière de leur université.

Une question de perception

En résumé, les études indiquent que l’anxiété des étudiants augmente et que leur niveau de soutien perçu en matière de perfectionnement professionnel diminue à mesure qu’ils progressent dans leur parcours scolaire. Une chose est certaine : le soutien dont bénéficient les étudiants, leur bien-être et leur succès ne dépendraient pas de la disponibilité réelle des ressources et des possibilités, mais plutôt de la perception qu’ils en ont. Les ressources varient d’une université à l’autre, et parfois même entre les facultés d’une même université. Étant donné le caractère variable et incertain des services de soutien professionnel aux cycles supérieurs, il n’est pas étonnant que le bien-être réel des étudiants repose en grande partie sur leurs perceptions. Les véritables services sont souvent difficiles à trouver et encore plus complexes à utiliser pour les étudiants et leurs superviseurs.

La puissance des croyances

Selon l’enquête menée par Nature Biotechnology, seuls 50 pour cent des étudiants aux cycles supérieurs estiment que leur superviseur serait prêt à discuter de leurs options de carrière dans le milieu universitaire ou ailleurs. Cela signifie que la moitié d’entre eux croient que leur superviseur n’est pas ouvert à cette option. L’étude n’a pas examiné le nombre d’étudiants qui ont engagé de telles conversations, ni la validité de leur perception quant à l’ouverture de leur superviseur.

Ces études révèlent la puissance des croyances. Les perceptions qu’ont les étudiants à la maîtrise et au doctorat de leurs possibilités, du soutien à leur disposition et de leur acceptation influencent non seulement leurs actions, mais aussi leur bien-être et leur satisfaction personnelle. Ces croyances ont une incidence durable, qu’elles se confirment ou non. Les étudiants auraient beau jouir d’un soutien formidable dans leur université ou leur programme, ils ne le solliciteront pas nécessairement si sa valeur et sa disponibilité leur échappent.

Que pouvons-nous faire?

Comme les étudiants aux cycles supérieurs ne demanderont pas nécessairement d’aide tant qu’ils doutent de la valeur et de la disponibilité des services à leur disposition, les membres du corps professoral doivent prendre les devants. Les superviseurs et les directeurs de programmes aux cycles supérieurs doivent promouvoir ouvertement ces importantes ressources et inciter les étudiants à y recourir. À cette fin, ils peuvent informer les étudiants des ressources offertes ou les libérer de leurs activités de recherche pour les laisser participer à des ateliers de formation, ou même agir à titre de mentors si on leur en fait la demande. Ils peuvent également aborder le sujet de la carrière avec les étudiants aux cycles supérieurs sans porter de jugement. En leur assurant simplement que tous les cheminements de carrière sont valides et qu’un diplôme d’études supérieures leur sera utile, ils aideront grandement les étudiants à se sentir acceptés et valorisés.

Les professeurs sont ceux qui entretiennent les liens les plus étroits avec les étudiants, qui passent le plus de temps avec eux et qui sont donc les plus susceptibles de les influencer et de les conseiller. Compte tenu de cette proximité, les professeurs sont sans doute les mieux placés pour amorcer le dialogue et établir des liens entre les étudiants aux cycles supérieurs et le personnel. Il n’en revient cependant pas qu’à eux de prodiguer des conseils de carrière. Le personnel des programmes aux cycles supérieurs, des services d’orientation et des affaires étudiantes doit partager son expertise : offrir des scénarios de conversation aux professeurs et de la formation aux nouveaux superviseurs, et faire un suivi individuel auprès des étudiants.

Ensemble, les professeurs, les étudiants aux cycles supérieurs et les membres du personnel peuvent vaincre les préjugés des étudiants pour entamer des conversations cruciales sur leur carrière, améliorer leur bien-être et favoriser leur réussite à long terme ainsi que leur satisfaction personnelle.

Lisa Dyce est étudiante spécialiste en développement pédagogique et étudiante partenaire au Paul R. MacPherson Institute for Leadership, Innovation, and Excellence in Teaching à l’Université McMaster. Catherine Maybrey est spécialiste en intégration professionnelle à la Faculté des sciences de l’Université McMaster et propriétaire de CM Coaching Services.

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