Les inégalités au doctorat dévoilées : première partie
Malgré la demande pour des spécialistes émérites aux profils diversifiés, le parcours doctoral reste difficile d’accès pour les minorités, et le diplôme est réservé à un groupe homogène.
Les études doctorales sont-elles un « espace sûr » pour les personnes issues des minorités? Dans cette série en trois parties, nous lèverons le voile sur les inégalités avérées dans le contexte doctoral et explorerons des stratégies pour y remédier.
En juin 2023, le média en ligne d’information La Conversation soulevait une question simple : pourquoi si peu de femmes mènent des carrières scientifiques? La question se pose tout autant pour les minorités racisées et les personnes en situation de handicap. Il suffit de jeter un coup d’œil aux campus partout dans le monde pour constater le manque de diversité. Par exemple, au Canada, les femmes racisées ne représentent que 2,2 % des cadres universitaires, mais constituent 11,2 % de la population. Ce phénomène se fait sentir jusqu’aux études doctorales, l’endroit pourtant idéal pour instaurer le changement. Les titulaires de doctorat, le plus haut diplôme offert, forment un bassin de talent qui fait naître de nouvelles idées dans le milieu de la recherche scientifique et propulse l’innovation et le progrès dans tous les secteurs. Il serait donc avantageux pour les programmes doctoraux de former des chercheuses et chercheurs à l’expérience et aux profils variés qui pourront examiner les enjeux sociétaux complexes sous des angles différents. Malheureusement, les inégalités dans le milieu universitaire entravent l’accès et le progrès pour certains groupes, créant des cohortes homogènes.
Portrait des inégalités
Au Canada, comme ailleurs en Amérique du Nord et en Europe, les groupes sociaux défavorisés sont sous-représentés au doctorat. Bien qu’on observe une augmentation du nombre de femmes poursuivant des études doctorales, elles y sont proportionnellement plus rares qu’à la maîtrise, et moins d’un tiers des pays de l’OCDE atteint la parité hommes-femmes en la matière. Au Canada, les personnes issues de minorités visibles indiquent également devoir affronter des défis particuliers dans leurs études doctorales, notamment en ce qui concerne l’accès aux ressources et la gestion de conflits. Quant aux personnes vivant avec un handicap, peu de données sont accessibles. Ce groupe constitue 0,7 % de la population étudiante en France, et moins de 2 % des titulaires de doctorat dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) aux États-Unis.
Un phénomène multifactoriel
Une série de facteurs peut expliquer ces inégalités : croyances, comportement, environnement de travail, accessibilité à des systèmes de soutien et ressources… L’idée persiste que les personnes vivant avec un handicap sont moins compétentes ou que les femmes ne peuvent exceller dans les STIM, ce qui nourrit les inégalités systémiques. Ces stéréotypes, parfois internalisés, minent la légitimité des personnes visées et influencent leur choix de carrière. De plus, les doctorantes et doctorants appartenant à une minorité raciale ou ethnique disposent souvent de ressources limitées, faisant notamment face à un manque de modèles de réussite et de soutien matériel et financier. Selon un sondage de la revue Nature effectué en 2019, 21 % des étudiantes et étudiants au doctorat rapportent avoir subi de la discrimination ou du harcèlement au cours de leur programme, particulièrement de la discrimination raciale ou fondée sur le genre.
Les répercussions des inégalités sur le parcours doctoral
Les inégalités affectent le travail quotidien et les ambitions professionnelles des étudiantes et étudiants au doctorat. Leurs réalisations scientifiques écopent des conditions de travail difficiles et du stress subi. À l’échelle internationale, des recherches ont établi un lien entre la marginalisation raciale et le syndrome de l’imposture dans la communauté doctorante noire aux États-Unis. Parallèlement, on observe que les doctorantes en Belgique éprouvent davantage d’émotions négatives et une envie plus forte de quitter leur programme que leurs homologues masculins.
Malheureusement, les inégalités persistent après l’obtention du diplôme. Une récente étude menée par l’Université du Colorado à Boulder révèle un taux d’attrition plus élevé chez les professeures que chez les professeurs. La principale raison évoquée pour ces départs? Le climat de travail difficile. À plus grande échelle, ces problèmes entraînent une perte de potentiel humain et une homogénéisation des sciences, ce qui limite les perspectives sur la recherche et l’innovation. Cette dynamique va à l’encontre de l’idée d’inclusivité aux cycles supérieurs et entrave l’accès équitable à des postes prestigieux et stratégiques, dans le milieu universitaire comme ailleurs.
Il y a encore des progrès à faire sur le plan de l’égalité et de la diversité au sein des programmes de doctorat. Pour remédier aux inégalités et à leurs conséquences, certains gouvernements et instituts de recherche ont adopté des stratégies pour lutter contre les préjugés et favoriser la diversité en milieu universitaire, que nous aborderons dans la deuxième partie de notre série.
Postes vedettes
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Gestion, évaluation et politique de santé - Professeur(e) au rang d’adjoint ou d’agrégé (administration des services de santé et services sociaux)Université de Montréal
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
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