L’importance d’enseigner l’éthique

Nous devons outiller nos étudiants pour qu’ils respectent et défendent l’éthique, aujourd’hui et dans leur future vie professionnelle.

27 octobre 2017
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La plupart des facultés d’études supérieures offrent aux étudiants du perfectionnement professionnel – parfois facultatif, parfois obligatoire – sur la responsabilité ou l’intégrité en recherche. Il n’existe aucune formation standard, mais la plupart des écoles ont dressé une liste de sujets incontournables. L’idée générale consiste à enseigner aux étudiants à analyser divers conflits éthiques et à agir de manière éthique malgré les nombreux facteurs qui pourraient les influencer.

Je donne un cours sur l’intégrité en recherche depuis plus de cinq ans et je constate que les étudiants aux cycles supérieurs sont régulièrement aux prises avec des questions d’éthique et d’intégrité. Mon cours vise à les aider à comprendre les raisons pour lesquelles des gens essentiellement bons agissent parfois mal.

Ma méthode d’enseignement, fondée sur l’éthique comportementale, repose sur la question « Quels facteurs s’opposent aux décisions éthiques et au respect de ces décisions? » Ou encore « Quels facteurs agissent sur nos pensées et nos interactions, et nous rendent plus susceptibles d’agir à l’encontre de l’éthique? » Nous traitons notamment des facteurs suivants :

  • Rationalisation et partialité : Nous croyons respecter davantage l’éthique que nous ne le faisons en réalité, et nous trouvons des motifs rationnels à nos comportements contraires à l’éthique. Nous nous considérons comme de bonnes personnes, ce qui nous porte à prendre rapidement des décisions éthiques.
  • Obéissance à l’autorité : Nous sommes plus susceptibles de prendre des décisions contraires à l’éthique si un supérieur nous demande de le faire.
  • Conformité : Nous sommes plus enclins à prendre des décisions contraires à l’éthique si nous pouvons les justifier en affirmant que « tout le monde le fait ».
  • Contraintes de temps : Les comportements contraires à l’éthique sont plus susceptibles de survenir lorsque l’on est pressé par le temps.
  • Fatigue : Les comportements contraires à l’éthique sont plus susceptibles de survenir lorsque nous sommes fatigués.
  • Manque de transparence : Les comportements contraires à l’éthique sont plus susceptibles de survenir lorsque nous savons que personne ne nous regarde.

Toute personne ayant fait des études supérieures ou travaillé dans un laboratoire de recherche a probablement remarqué l’effet de ces facteurs sur le comportement. Cette méthode d’enseignement de l’éthique permet aux étudiants de reconnaître immédiatement les facteurs qui peuvent les influencer dans leur milieu actuel (p. ex. les échéances rapprochées, la pression d’exécuter de multiples tâches en même temps, les longues périodes de travail en laboratoire ainsi que la réflexion et la culture de groupe en laboratoire).

Les gens ont rarement l’intention de mal agir. Expliquer les motifs d’un comportement contraire à l’éthique ne rend pas ce comportement acceptable, mais pouvoir définir les facteurs qui poussent les gens à agir contrairement à leur jugement éthique le plus rationnel constitue une étape importante pour acquérir la confiance nécessaire pour faire preuve d’intégrité.

Conseils aux formateurs

Si vous envisagez d’intégrer l’éthique comportementale dans votre cours, les mesures suivantes pourraient vous être utiles :

  • Établir des objectifs d’apprentissage permettant aux étudiants de définir leurs propres préjugés et les principaux facteurs d’influence dans leurs milieux actuel et futur.
  • Intégrer des études de cas qui comprennent un éventail de dilemmes éthiques complexes sur les plans personnel et professionnel.
  • Accorder du temps à la discussion (études de cas ou réflexion) avec des professeurs en début de carrière et des professeurs expérimentés, ainsi qu’avec des pairs.
  • Amener les étudiants à réfléchir à la manière dont ces facteurs peuvent survenir dans divers contextes (p. ex. les milieux des affaires, sportif ou professionnel).

Enseigner aux étudiants les grands facteurs qui ont une influence sur l’éthique du comportement leur permet d’acquérir des compétences applicables dans le milieu professionnel. Qu’ils soient en laboratoire ou ailleurs, mes étudiants feront face à des dilemmes éthiques dans le cadre de leur travail. Les nouveaux diplômés devront s’intégrer à de nouvelles équipes, à des cultures organisationnelles inconnues et à des milieux où le rythme est rapide et les attentes sont élevées.

Grâce à une formation adéquate, les étudiants deviendront des employés qui favoriseront et défendront une culture éthique au sein de leur organisation. Ils seront ainsi capables de prendre rapidement de meilleures décisions, ce qui plaira à leur employeur.

J’espère qu’au-delà du bénéfice évident de favoriser le développement moral en milieu de travail, le fait de simplement reconnaître le besoin d’examiner pourquoi et comment nous prenons nos décisions éthiques incitera mes étudiants à continuer de progresser sur le plan personnel.

Emily Bell est gestionnaire au Centre Desjardins de formation avancée, un programme d’acquisition de compétences et de perfectionnement professionnel de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill.

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