L’incident curieux du sabotage de l’association de personnes retraitées
Il serait souhaitable d’inciter les universitaires en fin de carrière à rejoindre l’association des personnes retraitées de leur établissement, dont l’existence demeure méconnue pour beaucoup.

Gregory (détective de Scotland yard) : Y a-t-il quelque autre point sur lequel vous désireriez attirer mon attention?
Holmes : Sur l’incident curieux du chien pendant cette nuit-là.
Gregory : Le chien n’a rien fait cette nuit-là!
Holmes : C’est justement là ce qu’il y a de curieux.
Sir Arthur Conan Doyle (1892). Flamme d’argent.
L’intrigue se déroule dans la campagne anglaise, où un meurtre sordide se produit près d’une écurie de courses. La victime est l’entraîneur du cheval d’exception Silver Blaze, qui était hébergé et entraîné dans cette écurie. La cause du décès : un dur coup à la tête. Le cadavre est retrouvé à une courte distance de l’écurie, mais il n’y a aucune trace de Silver Blaze. Le seul témoin de l’affaire est le chien de garde de l’écurie, qui n’a aboyé ni pendant le meurtre de l’homme ni pendant le vol du cheval de grande valeur.
Aussi confuse que désespérée, la brigade de Scotland Yard fait appel au plus grand détective de son époque : Sherlock Holmes.
J’ai lu Flamme d’argent il y a plusieurs années, alors que je sombrais doucement dans la dépendance aux récits policiers. Cette nouvelle m’est revenue à l’esprit récemment, lors de mon mandat d’un an à titre de secrétaire d’Associations de retraités des universités et collèges du Canada, dont je suis devenu président il y a quelques mois.
Dans certains établissements, l’association des personnes retraitées est un fleuron qui contribue non seulement au bien-être de ses membres, mais aussi au rayonnement et à la réputation de la maison mère. Dans d’autres, elle meurt à petit feu, plombée par son incapacité à attirer et à recruter de nouvelles et nouveaux membres. Souvent, les personnes retraitées de ces collèges et universités ignorent même qu’une telle association existe et qu’elles pourraient y adhérer. Pourquoi? Parce que l’administration de l’établissement bloque toute tentative par l’association de personnes retraitées de communiquer avec les membres du personnel en fin de carrière ou nouvellement à la retraite.
Revenons à Sherlock Holmes (attention au divulgâcheur) : notre détective découvre que l’entraîneur de Silver Blaze n’est en fait pas l’innocente victime du crime, mais bien son auteur. C’est lui qui a guidé son cheval hors de l’écurie sous le couvert de la nuit. Comme il le connaissait bien, le chien de garde n’en fait pas de cas. L’homme avait l’intention de blesser intentionnellement son champion en lui insérant une petite lame dans le muscle de la jambe. La blessure aurait été invisible à l’œil, mais suffisante pour garantir que l’animal ne puisse pas remporter une course importante pour laquelle il était le grand favori. En pariant contre son propre cheval, l’entraîneur aurait alors pu mettre la main sur une importante cagnotte. C’était sans compter sur Silver Blaze qui, dans son refus de se soumettre à l’intervention, lui a lancé une ruade mortelle à la tête avant de prendre la poudre d’escampette.
Contrairement à l’entraîneur dans la nouvelle d’Arthur Conan Doyle, les membres de la direction et des services des ressources humaines des universités n’ont pas de mauvaises intentions. Ces personnes protègent simplement la confidentialité de leur personnel retraité et à l’aube de la retraite en refusant l’accès à leurs coordonnées. Elles le font toutefois de façon si maladroite qu’elles privent l’association des personnes retraitées de leur établissement de sang neuf sans le vouloir.
Il existe des administrations qui réussissent à protéger les renseignements personnels de leur personnel actif et retraité sans nuire à leur association des personnes retraitées. Elles le font en autorisant les représentantes et représentants de cette dernière à présenter ses activités et mécanismes d’adhésion lors de séances d’information sur la préparation à la retraite ou encore en distribuant une brochure de l’association lors de ces événements. D’autres inscrivent automatiquement les personnes partant à la retraite à l’association en leur précisant la marche à suivre pour se désinscrire si elles le souhaitent. Il existe bien des façons pour une administration universitaire de collaborer avec l’association des personnes retraitées sans compromettre les renseignements confidentiels de son personnel. L’association du personnel, l’association des diplômées et diplômés et l’équipe des affaires extérieures peuvent par exemple fournir un lien vers le site Web de l’association des personnes retraitées dans leurs communications.
Appliquées individuellement ou en combinaison, toutes ces mesures ont permis à certaines associations d’atteindre plus de 1 000 membres et d’assurer la pérennité de leurs activités. Cela profite non seulement à l’université, mais aussi aux collectivités avoisinantes, avec lesquelles les associations de personnes retraitées entretiennent souvent des liens étroits. Cependant, lorsque de telles mesures sont bloquées, l’association se retrouve souvent à lutter pour sa survie, même dans une grande université comme l’Université de l’Alberta.
Comme l’écrivait Fred Fletcher dans une précédente chronique Universitaire à vie :
« [Les associations de personnes retraitées] organisent une vaste gamme d’activités sociales et intellectuelles, par exemple des conférences et des discussions, des sorties au théâtre et des visites d’attraits locaux. Elles prennent aussi les dispositions nécessaires pour que les membres puissent faire des contributions à leurs établissements, collectent des fonds pour des bourses d’études et fassent du mentorat auprès de professeur.e.s et d’étudiant.e.s. Elles encouragent aussi leurs membres à participer à des activités professionnelles qui rehaussent la réputation de leurs établissements ainsi qu’à des activités bénévoles. »
En maintenant le lien entre l’université ou le collège et son personnel à la retraite, une association de personnes retraitées en santé peut être très bénéfique pour l’établissement lui-même, mais aussi pour les collectivités avoisinantes.
Postes vedettes
- Médecine - Professeure adjointe / agrégée ou professeur adjoint / agrégé (génétique humaine, génomique, droit et politiques)Université McGill
- Éducation - Professeure adjointe ou professeur adjoint (autochtone, programme anglophone)Université d'Ottawa
- Éducation - Professeure adjointe ou professeur adjoint (didactique de l’activité physique et sportive, santé et bien-être - poste francophone)Université d'Ottawa
- Architecture - Professeur adjoint / professeure adjointeUniversité McGill
- Chaire de recherche, niveau 2 dédiée à l’étude de la motivation et du mieux-être au travailUniversité du Québec à Trois-Rivières
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