Réussir son doctorat : conseils pour les personnes doctorantes immigrantes
Le parcours doctoral est souvent accompagné d’un stress et d’un isolement intellectuel et social, particulièrement pour les personnes immigrantes.
Les études doctorales exigent une grande autonomie et une forte capacité de concentration. D’un côté, cette exigence développe chez les personnes doctorantes des compétences précieuses, comme la capacité à résoudre des problèmes de manière indépendante, à affiner un esprit critique et à cultiver un esprit de débrouillardise. D’un autre côté, cette autonomie s’accompagne de défis importants, tels que la solitude et le stress. Ces défis sont souvent encore plus marqués chez les personnes doctorantes immigrantes qui peuvent rencontrer d’autres difficultés spécifiques, comme l’incompréhension du système académique ou les différences culturelles dans les relations avec la direction et avec les collègues.
Cependant, même si les parcours doctoraux comportent leur lot de défis, les universités québécoises et canadiennes accueillent un effectif croissant de personnes étudiantes immigrantes aux cycles supérieurs qui proviennent de partout dans le monde. Au Québec, de 2009-2010 à 2019-2020, le nombre des personnes étudiantes étrangères au doctorat a augmenté de 146,4%. Par exemple, à l’Université Laval, 52 % des personnes étudiantes inscrites au troisième cycle sont issus de l’immigration. Toutefois, cette mobilité académique croissante s’accompagne d’un défi majeur : au Canada, le taux d’abandon au doctorat avoisine les 50 %.
Comment ces personnes doctorantes immigrantes peuvent s’adapter et s’intégrer au nouvel environnement de la société d’accueil, réussir à défendre leur thèse avec succès et s’épanouir? Dans cet article, je partage quelques actions concrètes et proactives leur permettant de favoriser leur inclusion et intégration académique et personnelle. Ce texte se veut un partage d’expérience vécue par l’auteure, en tant que docteure immigrante en sciences sociales au Québec.
- Communiquer avec la direction de thèse régulièrement : Même si cela peut être difficile en raison des disponibilités et des emplois du temps chargés, maintenir une communication régulière avec la direction est une condition sine qua non pour obtenir un soutien adapté. La fréquence des suivis dépendra de l’avancement des travaux, de l’ampleur des tâches à accomplir et des besoins des commentaires de la direction. Par exemple, il est possible de planifier une rencontre par trimestre et un courriel de suivi par deux semaines. Pour optimiser ces échanges, il est recommandé de rédiger un plan d’action détaillant les étapes de la thèse et incluant les objectifs, les attentes et un échéancier précis pour diviser les tâches en actions réalisables. Ce plan devra aussi prévoir une certaine flexibilité pour gérer les imprévus, qu’ils soient prévisibles ou totalement inattendus. Enfin, les personnes doctorantes ne devront pas hésiter à poser des questions ou à demander des clarifications sur des aspects académiques (plagiat, rédaction, colloques, etc.) ou culturels (façon d’interagir, calendrier des congés, etc.) avec lesquels ils pourraient ne pas être familiers.
- Faire des présentations lors de colloques et congrès : Participer à des colloques, congrès ou journées doctorales, quel que soit l’avancement de la thèse, est une excellente opportunité à la fois pour développer les compétences en communication orale, vulgariser le projet scientifique mais aussi pour élargir le réseau professionnel et social, particulièrement pour les personnes nouvellement arrivées. Il est possible d’y présenter des résultats préliminaires, des réflexions sur la problématique, une recension des écrits ou encore l’objectif de la recherche. Pour maximiser ces occasions, il faut rechercher les appels à communications dès le début de chaque session et en discuter avec la direction. De plus, les personnes doctorantes bénéficient généralement des tarifs préférentiels pour les inscriptions, et leur participation est encouragée par les institutions.
- Participer aux retraites de rédaction : De nombreuses institutions ou leurs associations proposent des retraites de rédaction destinées aux étudiantes et étudiants de cycles supérieurs de différentes disciplines. Ces retraites ont pour objectif de créer un cadre motivant où chaque personne peut rédiger individuellement tout en bénéficiant de l’énergie collective du groupe. Elles sont une excellente occasion de briser l’isolement souvent ressenti durant la thèse, et permettent de partager des expériences communes, d’échanger sur les défis rencontrés et de se soutenir mutuellement dans cette aventure académique exigeante.
- Participer aux activités académiques et sociales : Les universités offrent souvent un large éventail d’activités académiques, sportives, culturelles et sociales pour soutenir le bien-être des personnes étudiantes, en particulier celles qui viennent d’ailleurs (ateliers culinaires, soirées à thème, visites guidées, fêtes de fin d’année, séances de jeux, projections de films, discussions interdisciplinaires ou conférences informelles. etc.). Ces activités leur permettent de briser l’isolement, de renforcer leur sentiment d’appartenance et même de développer des compétences en s’impliquant dans leur organisation.
- Faire du bénévolat : En offrant leur temps et expertise à des organismes communautaires, les personnes doctorantes immigrantes vont non seulement leur apporter une contribution précieuse mais aussi rencontrer des personnes aux profils variés, mieux comprendre la culture locale et se familiariser avec des enjeux ou problématiques de la société d’accueil. Par ailleurs, les doctorant.e.s peuvent envisager de postuler à des postes au sein des comités de direction ou des conseils d’administration d’organismes communautaires œuvrant dans des domaines qui les passionnent.
- Planifier des stages à l’avance : Pour maximiser les chances de décrocher un stage ou un emploi étudiant, il est essentiel de commencer les démarches de recherche une à deux sessions à l’avance. Plusieurs ressources peuvent aider les personnes doctorantes à réussir cette étape, comme discuter avec la direction de thèse, consulter les bureaux de stages de l’université, participer aux salons de l’emploi et aux kiosques de rencontres avec des employeurs ainsi que se présenter lors des journées portes ouvertes de l’université. En parallèle, il faut explorer les offres directement sur les sites web des employeurs ou via les médias sociaux, ainsi que prendre l’initiative de contacter des collègues ou employeurs potentiels par courriel ou message professionnel.
- Étudier aux bibliothèques : En explorant les bibliothèques de l’université ou du quartier, il est possible de changer d’environnement, renouveler la motivation et retrouver un lien avec la passion pour la recherche. Les bibliothèques sont des lieux vivants où les personnes doctorantes peuvent croiser d’autres personnes étudiantes, chercheures et membres de la communauté permettant de renforcer leur sentiment d’appartenance. Il est aussi possible de demander à la direction ou aux responsables concernés la possibilité d’obtenir un bureau à la faculté, ce qui permet de côtoyer d’autres collègues de la même discipline.
- S’ouvrir à des collaborations transdisciplinaires : La collaboration avec d’autres candidates et candidats au doctorat ainsi que des membres du corps professoral est une excellente initiative qui permet d’échanger des savoirs, de mettre en valeur vos compétences, de contribuer à des projets innovants et différents pour répondre à des enjeux communs. Il est possible d’initier des échanges dans des contextes différents comme des forums et associations des facultés, lors des séances de cours et des activités sociales et académiques, durant les retraites de rédaction, etc.
- Accéder aux ressources de santé mentale : L’isolement social lors du doctorat peut particulièrement affecter les personnes immigrantes. Il est donc essentiel de prendre soin de sa santé mentale et physique pour favoriser sa réussite et son bien-être. Les personnes doctorantes doivent se renseigner auprès des services du soutien psychologique au sein de l’université et ailleurs, parler aux personnes conseillères dans le campus, assister à des webinaires ou sessions de gestion de stress, de temps ou d’équilibre travail-vie-famille et demander l’aide de la direction de thèse. De plus, il est important de trouver des moyens de faire de l’exercice physique bien que le climat puisse être un défi et explorer des activités adaptées au nouvel environnement d’accueil (sports d’hiver, sorties culturelles, etc.). Demander du soutien n’est pas un signe de faiblesse, mais une démarche proactive pour mieux avancer dans les études.
Le parcours doctoral, particulièrement pour les personnes doctorantes issues de l’immigration, est un long trajet difficile, mais riche en apprentissages. En adoptant une approche proactive et organisée et en tirant profit des ressources académiques et communautaires, elles pourront transformer leur expérience en un tremplin pour bâtir un avenir prometteur et pour développer des compétences et une meilleure résilience.
Postes vedettes
- Doyen(ne), Faculté de médecine et des sciences de la santéUniversité de Sherbrooke
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
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