Créer des cercles de soutien pour une réussite autochtone en enseignement supérieur
Rencontrer les apprenantes et apprenants autochtones au sein de leur communauté pour faire la promotion de l’enseignement supérieur est un bon moyen de montrer son respect et son soutien.
L’évaluation communautaire est une approche holistique qui offre l’apprentissage par l’expérience et les renseignements dont les apprenantes et apprenants potentiels ont besoin pour commencer ou reprendre leur parcours d’apprentissage.
Nos positionnalités dépendent de l’environnement et du contexte : il s’agit d’une toile complexe, dont nous montrons ou dissimulons certains aspects en fonction des liens tissés et entretenus dans la collectivité. Nous nous considérons comme deux personnes autochtones qui, après avoir majoritairement grandi hors de leur culture, tentent par divers moyens de renouer avec celle-ci. Deux femmes cisgenres, étudiantes au doctorat en éducation, praticiennes dans le secteur postsecondaire de la Colombie-Britannique et passionnées par la promotion de l’éducation auprès des personnes autochtones de l’Île de la Tortue.
Dans le secteur de l’enseignement supérieur au Canada, la réussite est une notion subjective qui varie selon le contexte et selon la praticienne ou le praticien. Le personnel, le corps professoral et l’administration des universités s’entendent toutefois sur un point : on peut favoriser la réussite en offrant un solide réseau de soutien tout au long du parcours d’apprentissage.
Les apprenantes et apprenants autochtones font face à des obstacles uniques tributaires du racisme systémique et historique qui sévit encore dans le système d’éducation canadien, et les 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation exhortent le gouvernement fédéral à combler les écarts en matière d’éducation entre les apprenantes et apprenants autochtones et non autochtones (appel à l’action no 7). Pour y parvenir, les établissements d’enseignement supérieur pourraient créer des programmes en collaboration avec les communautés autochtones, tout en participant aux protocoles et aux traditions des nations qui les accueillent. En articulant des programmes et des pratiques autour des savoirs, de la culture et des façons d’être autochtones, on favorise la réussite en encourageant la participation, la rétention, le taux de diplomation, la transition vers le marché du travail et la contribution aux collectivités.
La création d’un « cercle de soutien », par exemple, contribuerait grandement à la réussite en matière d’apprentissage. Formé d’Aînées et d’Aînés, de membres de la famille, de camarades, de collègues ou encore de membres du personnel enseignant, il aurait pour mission à la fois d’aider et de mettre à l’épreuve les apprenantes et apprenants. Les membres du corps enseignant exercent une influence considérable sur les étudiantes et étudiants et sur leur parcours d’études postsecondaires. En tissant des liens avec les personnes autochtones, elles et ils leur apparaîtront moins comme des visages anonymes au service d’un établissement quelconque, et plus comme des membres à part entière de leur cercle, qui jouent un rôle déterminant dans leur cheminement.
« Les communautés et les familles autochtones jouent un rôle très spécial dans ce parcours, à savoir celui de renforcer l’identité collective et guider avec sagesse les générations futures sur le chemin de l’apprentissage » (Battiste, 2010).
L’Institut de technologie Nicola Valley, en Colombie-Britannique, est partenaire de confiance des communautés autochtones canadiennes depuis plus de 40 ans. Les relations bâties au fil des ans ont joué un rôle fondamental dans la mise en place d’évaluations communautaires qui servent à orienter la prestation de programmes aux personnes souhaitant poursuivre des études postsecondaires. Selon les résultats de l’évaluation, on conseille parfois de suivre un programme de préparation aux études collégiales avant d’entamer des études menant à un certificat ou un diplôme postsecondaire, afin de maximiser les chances de réussite.
Ce service d’évaluation comprend une prière d’ouverture récitée par une Aînée ou un Aîné, des activités préparatoires, une surveillance lors de l’évaluation d’anglais et de mathématiques et une explication des résultats. De plus, des plans d’éducation personnalisés seront établis avec chaque apprenante ou apprenant en fonction de ses besoins et souhaits particuliers, afin que son parcours soit adapté à ses besoins. Un résumé permettra de cerner les priorités de l’apprenante ou apprenant et de présenter les possibilités d’éducation pour la à collectivité. Le processus offre également des occasions d’apprentissage par l’expérience et les renseignements nécessaires pour commencer ou reprendre une éducation postsecondaire.
En rencontrant les apprenantes et apprenants dans leur communauté autochtone, on montre qu’on souhaite comprendre leurs activités, leurs traditions et leurs protocoles particuliers. Le milieu de l’enseignement supérieur est habitué à une certaine structure. Or, cette approche requiert de la flexibilité; il faudra notamment voyager en avion, en bateau ou en voiture pour visiter les collectivités éloignées. C’est un engagement considérable, qui prouve la bonne volonté de l’enseignante ou enseignant ainsi que celle de l’établissement, et qui constitue la première étape pour renforcer le cercle des apprenantes et apprenants autochtones.
Les visites que nous avons faites dans de nombreuses communautés autochtones de la Colombie-Britannique nous ont permis de constater le pouvoir transformateur de l’éducation. Nous avons vu des apprenantes et apprenants qui hésitaient à entamer leur parcours monter sur l’estrade avec fierté pour recevoir leur diplôme. C’est incroyablement gratifiant de voir ces personnes qui avaient délaissé leurs études, qui ne s’attendaient pas à terminer leur parcours secondaire ou qui en sortaient tout juste, réaliser que leurs expériences de vie les ont propulsées à des horizons plus élargis que prévu. Et bien sûr, assister à leur collation des grades et les voir recevoir ce diplôme qu’elles pensaient hors de l’atteinte est incroyablement inspirant.
Tous les établissements d’enseignement supérieur sont invités à étendre leurs services au-delà du campus et à collaborer avec les communautés autochtones ainsi que leurs alliées et alliés pour élargir l’éventail des occasions en matière d’éducation. Nous reconnaissons que cette approche, si elle favorise la réconciliation, peut toutefois présenter un défi pour un secteur encore régi par des cadres coloniaux; c’est pourquoi nous proposons des guides d’autochtonisation (en anglais) pour faciliter le processus. Une chose est sûre : les services de soutien offerts dans les établissements d’enseignement supérieur doivent répondre aux besoins des apprenantes et apprenants qui fréquentent les campus, les salles de classe, les bureaux… et qui touchent nos cœurs. Si chaque personne prend sa place au sein du cercle de changement, l’éducation sera rendue plus juste et éthique pour les apprenantes et apprenants autochtones.
Postes vedettes
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Psychologie - Professeure ou professeur (enjeux socio-environnementaux, section sociale et personalité)Université du Québec à Montréal
- Études autochtones - Professeur ou professeureUniversité Laval
- Médicine - Poste facultaire (santé du rein)Université de Montréal
- Génie - Professeur adjoint / professeure adjointe (génie civil / géotechnique)Université McGill
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