Et si on cultivait davantage les liens sociaux en milieu universitaire?
Les liens sociaux, un remède essentiel contre l’isolement et un pilier pour la santé mentale des personnes étudiantes.
En novembre dernier, l’Association canadienne pour la santé mentale a publié un nouveau rapport soulignant que la santé mentale de la population canadienne est trois fois plus précaire qu’avant la pandémie. Selon l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes – Santé mentale, ce sont les jeunes qui ont les moins hauts taux de santé mentale et de bien-être. Ce seraient également les jeunes de 15 à 24 ans qui ont le plus haut taux de symptômes anxieux, dépressifs ou bipolaires dont une bonne proportion sont des personnes étudiantes. Par ailleurs, le tiers des personnes étudiantes rencontrerait au moins un trouble de santé mentale durant son parcours académique.
Cette précarité accrue de la santé mentale de la population canadienne et plus précisément de celle des personnes étudiantes n’est pas étrangère au sentiment de solitude et d’isolement vécu par une grande proportion d’entre elles. En effet, les jeunes sont maintenant le groupe d’âge le plus isolé au Canada, supplantant même les personnes.
Face à ces constats inquiétants à la fois les personnes étudiantes et les établissements d’enseignement supérieur doivent agir pour favoriser les liens sociaux en milieu universitaire.
Comment les liens sociaux favorisent la santé mentale?
Le soutien social des amis, de la famille et de l’entourage est une dimension qui peut nous protéger des effets du stress et qui favorise la santé mentale de tout un chacun. Le soutien social renvoie à la dimension des relations sociales qui a un effet positif sur la santé physique, mentale et le bien-être. Les personnes qui sont mieux intégrées vivent plus longtemps, ont plus de chance de survivre à un infarctus et moins de chance d’attraper une maladie infectieuse. Un soutien social de qualité va protéger contre le développement d’un problème de santé mentale et favoriser le rétablissement le cas échéant.
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Les liens sociaux peuvent avoir un impact énorme sur la santé mentale des personnes étudiantes. Par exemple, Jennifer Hefner et Daniel Eisenberg de l’Université du Michigan montrent que les personnes étudiantes ayant un faible soutien social sont six fois plus à risque de présenter des symptômes dépressifs que celles ayant un haut soutien social. Les personnes employées par les services à la vie étudiante dans les établissements d’enseignement le voient également : des jeunes qui se sentent déprimés, anxieux, isolés et qui ne savent pas comment entrer réellement en contact avec les autres.
Comment favoriser les liens sociaux en milieu universitaire?
Les établissements d’enseignement peuvent jouer un rôle important dans la santé mentale des personnes étudiantes. Les personnes fréquentant les universités sont dans une période-clé de leur vie où elles apprennent, expérimentent et mettent en place différentes habiletés et comportements qui influenceront leur santé tout au long de leur vie. Il s’agit peut-être du dernier endroit qui représentera à la fois un lieu d’apprentissage, de socialisation, de travail et de loisir.
Les établissements peuvent jouer un rôle de premier plan sur la santé mentale étudiante en mettant en place des pratiques qui favorisent les liens sociaux des personnes étudiantes. Plusieurs pratiques pertinentes sont déjà déployées dans les établissements d’enseignement supérieur pour favoriser les liens sociaux et la santé mentale des personnes étudiantes :
- Des activités d’accueil pour les nouvelles personnes étudiantes;
- Des activités sportives, culturelles et artistiques;
- Des campagnes d’information et de sensibilisation sur différents sujets dont la santé mentale et le vivre-ensemble;
- Des programmes de mentorat et de soutien entre pairs;
- Des programmes d’aide à la vie étudiante…
Ces pratiques sont mises en place par différents acteurs, avec des intentions variées. Bien que pertinentes, ces pratiques sont malheureusement souvent implantées sans réfléchir aux conditions optimales pour maximiser leurs retombées positives. De plus, elles ne sont pas toujours appuyées par la science et on prend rarement le temps de les évaluer.
C’est dans ce contexte que l’Observatoire sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur a mis sur pied un Guide de pratiques visant à stimuler les liens sociaux favorables à la santé mentale des personnes étudiantes des cégeps, collèges et universités. Ce guide vise à sensibiliser et à inspirer les personnes responsables de la mise en place de ces pratiques. Le guide regroupe sept catégories de pratiques avec une description de ces pratiques et de leurs effets potentiels. Il y a aussi des exemples, des conseils sur comment les mettre en place et des principes d’action à garder en tête pour favoriser leur efficacité. Les pratiques proposées dans le guide sont issues de résultats actuels de la recherche et ont été priorisées avec la collaboration d’un comité de suivi et de consultation composées de personnes aux profils et expertises variées (personnes professeures, étudiantes, gestionnaires de services psychosociaux, professionnelles de recherches, etc.).
Il est urgent d’agir pour favoriser la santé mentale des personnes étudiantes, en particulier dans le contexte actuel d’isolement, de solitude et de perturbations des liens sociaux. À la lecture du Guide, on constate que les pratiques permettant de favoriser les liens sociaux sont nombreuses et variées, de telle sorte que l’ensemble des membres de la communauté universitaire peut y contribuer. Comme plusieurs pratiques s’observent déjà dans les universités canadiennes, il importe désormais de s’assurer que les conditions optimales soient présentes pour maximiser les retombées sur les liens sociaux et la santé mentale des personnes étudiantes. En intégrant des pratiques fondées sur les savoirs académiques et expérientiels, comme celles proposées dans le Guide, nous pouvons transformer l’environnement universitaire en un lieu où la santé mentale est une priorité. Chaque acteur de l’enseignement supérieur, qu’il soit gestionnaire, professeur ou étudiant peut prendre des mesures concrètes dès maintenant pour les liens sociaux et la santé mentale étudiante.
Pour aller plus loin :
La Station SME propose des informations et des outils pour contribuer à la création de liens sociaux chez la population étudiante en enseignement supérieur.
- Pour la population étudiante : Consultez cette fiche thématique et les outils associés pour prendre soin de soi.
- Pour le personnel des établissements : Consultez cette sélection d’exemples de pratique pour soutenir la création de liens sociaux dans les milieux d’étude en enseignement supérieur.
Postes vedettes
- Génie - Professeur adjoint / professeure adjointe (génie civil / géotechnique)Université McGill
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Médicine - Poste facultaire (santé du rein)Université de Montréal
- Études autochtones - Professeur ou professeureUniversité Laval
- Psychologie - Professeure ou professeur (enjeux socio-environnementaux, section sociale et personalité)Université du Québec à Montréal
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