Mobilisation collective pour la santé mentale étudiante : une priorité en constante évolution

Au Québec, associations étudiantes, universités et gouvernement ont unifié leurs efforts pour répondre aux défis croissants de la santé mentale dans l’enseignement supérieur.  Voici un topo sur un pan de la mobilisation en cours.

Illustration par : Dusan Stankovic

La santé mentale étudiante (SME) est devenue une préoccupation majeure en enseignement supérieur au Québec, entraînant une mobilisation collective sans précédent. Les associations étudiantes, les établissements d’enseignement, le ministère de l’Enseignement supérieur, l’Observatoire sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (OSMÉES) et l’Initiative sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (ISMÉ) unissent leurs efforts pour mieux comprendre les défis croissants liés à la SME et pour mettre en place des actions prometteuses et adaptées aux besoins dans les établissements.   

Un contexte de revendications étudiantes autour de la santé mentale  

L’enquête « Sous ta façade », menée par l’Union étudiante du Québec (UEQ) en 2018, marque le début d’une prise de conscience collective et le point de départ d’une mobilisation de grande envergure pour la SME. Les résultats, recueillis auprès de milliers de personnes étudiantes, ont révélé un portrait inquiétant de leur santé mentale, souvent affectée par le stress académique, l’isolement social, les contraintes financières et les enjeux de performance. Deux autres enquêtes ont été menées par l’UEQ et la Fédération étudiante collégiale du Québec sur la SME en contexte pandémique avec des résultats confirmant ce portrait inquiétant.  

Les associations étudiantes, soutenues par ces données, ont intensifié leurs revendications pour accroître le soutien à la santé mentale, pressant ainsi le ministère de l’Enseignement supérieur à établir un cadre de soutien plus structuré.  Ce dernier a entrepris des travaux en 2019 et tenu une vaste consultation en 2020. Le Plan d’action sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (PASME) a ainsi été lancé en 2021, afin d’offrir un cadre cohérent qui vise à doter les réseaux de l’enseignement supérieur de balises communes en matière de santé mentale étudiante et à soutenir l’élargissement et la diversification de l’offre de services de promotion, de prévention et de soutien psychosocial dans les collèges et universités.

L’OSMÉES : une synergie des connaissances   

Découlant du PASME et financé par les Fonds de recherche du Québec, l’OSMÉES a pour mission scientifique de contribuer à l’avancement et à la mobilisation des connaissances pour promouvoir et maintenir une culture favorable à la santé mentale étudiante en enseignement supérieur.  Avec ses 26 axes de recherche et ses 275 membres, l’OSMÉES aborde différentes dimensions et réalités liées à la santé mentale en enseignement supérieur, permettant une approche globale et interdisciplinaire. Ces axes collaborent non seulement entre eux, mais aussi avec des parties prenantes essentielles, assurant ainsi une synergie des connaissances. Parmi ces membres, l’OSMÉES compte plus d’une cinquantaine de personnes étudiantes qui s’y impliquent activement, entre autres, à titre de coresponsables des différents axes. L’OSMÉES actualise une approche « pour et par » les personnes étudiantes en les impliquant ainsi dans sa gouvernance et dans l’ensemble des projets.  

Du 4 au 22 novembre 2024, l’OSMÉES a déployé l’enquête nationale sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur visant à établir un portrait de la SME et de son évolution au fil du temps, de générer des profils sous-populationnels qui tiennent compte de la diversité des populations étudiantes et d’évaluer les besoins d’aide, l’accès et l’utilisation des services d’aide psychosociale. Les données obtenues seront essentielles, à la fois, pour connaître l’état de santé mentale actuel des personnes étudiantes, mais aussi pour bien orienter les prochaines actions locales et ministérielles qui seront déployées pour soutenir la SME.   

L’ISMÉ au cœur de la mobilisation en SME  

L’ISMÉ s’inscrit également dans le PASME et vise à contribuer à la SME ainsi qu’à des milieux d’études sains, sécuritaires et bienveillants pour la population étudiante en enseignement supérieur. Elle œuvre à rassembler, valoriser et partager les expertises et les connaissances en SME et à mobiliser son écosystème au Québec.   

Pour l’ensemble de ses mandats, l’ISMÉ travaille avec et pour la communauté de l’enseignement supérieur, incluant les personnes étudiantes, les associations étudiantes, le personnel professionnel, les personnes intervenantes, le personnel enseignant, technique et de soutien, les gestionnaires et tout autre membre de cette communauté. L’approche de mobilisation préconisée par l’ISMÉ a permis de proposer des outils et initiatives en lien avec les mesures du PASME, qui répondent aux besoins et aux attentes de la communauté de l’enseignement supérieur en matière de SME. Le réseau de collaboration de l’ISMÉ est consulté et mis à contribution à toutes les étapes de la réalisation de ses mandats.  

En mars 2024, l’ISMÉ a lancé la Station SME, un lieu de convergence d’informations et d’outils pour tout ce qui concerne la SME en enseignement supérieur. Ce site met en valeur du contenu crédible sur le sujet et offre un accès simplifié à des connaissances variées et adaptées aux besoins de la communauté collégiale et universitaire. La Station SME s’adresse autant aux personnes étudiantes qu’au personnel des établissements afin de renforcer leurs connaissances et expertises sur la question.  


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Unir les forces pour soutenir la santé mentale étudiante  

Ces deux entités, complémentaires dans leurs missions, unissent leurs forces et leur réseau pour contribuer à la santé mentale des personnes étudiantes. Cette synergie incarne une mobilisation collective qui vise à transformer le paysage de la SME et à promouvoir la santé mentale comme une priorité partagée. Cette mobilisation collective est prometteuse, mais plusieurs défis restent à relever et la réalité des personnes étudiantes, souvent marquée par le stress académique, l’isolement social, la précarité financière et d’autres facteurs de risque, souligne la nécessité d’un engagement constant et renouvelé. L’effort doit se poursuivre pour garantir que chaque personne étudiante bénéficie d’un environnement d’apprentissage sain et sécuritaire et puisse accéder à un soutien adéquat. En unissant leurs forces et en maintenant cette dynamique de mobilisation, toutes les parties prenantes de l’écosystème de l’enseignement supérieur peuvent contribuer à façonner un avenir où la SME est véritablement valorisée et protégée.   

Mégane Girard est agente de recherche et de mobilisation pour l’Initiative sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (ISMÉ); Catherine Roy-Boulanger est la directrice de l’ISMÉ; Félix Guay-Dufour est coordonnateur de l’Observatoire sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur, Benjamin Gallais est professeur substitut à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et codirecteur de l’OSMÉES, Julie Lane est professeure agrégée à l’Université de Sherbrooke (UdeS) et codirectrice de l’OSMÉES; Marc-Antoine Tourville fait partie de l’ancienne vice-présidence de l’Union étudiante du Québec (UEQ) et est personne étudiante en pharmacie à l’Université Laval 

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