L’Université de l’Ontario français a un an et est déjà résiliente
L’UOF est l’aboutissement d’une longue lutte de la part de la communauté francophone.
Note de la rédaction : Cette réponse à la récente chronique de Creso Sá « Université de l’Ontario français : l’annulation de son financement joue contre le gouvernement Ford » était trop longue pour être publiée dans la section Lettres de la version imprimée du magazine, nous la publions donc ici.
L’annonce du gouvernement de l’Ontario d’annuler le projet de l’Université de l’Ontario français (UOF), le 15 novembre dernier, dans le cadre de son énoncé économique, découlait d’une décision irréfléchie, prise sans consultation avec l’Université ni la communauté francophone de l’Ontario.
Comme le note avec justesse Creso Sá, l’UOF n’était déjà plus un projet, mais une réalité. Depuis un an, son édification était en cours.
Son conseil de gouvernance et une petite équipe étaient en opération.
Ses premiers programmes de marque étaient développés et soumis pour approbation, grâce notamment à un réseau d’une centaine de professeurs et d’experts.
Son arsenal de politiques et de règlements administratifs était bien avancé.
Le site de son premier campus temporaire était identifié et le bail en cours d’approbation.
Son budget était déjà approuvé par le Conseil du Trésor.
La mobilisation des étudiants et des partenaires communautaires était bien entamée.
Une seconde vague de programmes, de nature plus professionnelle, qui répondent directement aux besoins du marché du travail, était en cours d’élaboration, en partenariat avec d’autres universités partenaires.
Il faut aussi reconnaître, comme le note M. Sá, que le projet de l’UOF bénéficie d’un enracinement dans la communauté francophone de la région de Toronto. Ceci est aussi vrai pour la francophonie ontarienne et toute la francophonie canadienne, comme le démontre le mouvement de solidarité qui a suivi la malheureuse annonce du gouvernement de l’Ontario. L’aspiration à une université par et pour les francophones remonte en fait à plusieurs décennies en Ontario.
On peut toutefois s’étonner que M. Sá qualifie le projet de créer une université de langue française à Toronto de politique chétive (weak policy proposal). Outre qu’il soit l’aboutissement d’une longue lutte de la part de la communauté francophone – qui tient toujours la route comme l’atteste le mouvement d’appui actuel –, ce projet repose sur une étude exhaustive des besoins dans la région du Centre-Sud-Ouest de l’Ontario, des aspirations des leaders communautaires, économiques et politiques, de la demande en termes des compétences attendues au XXIe siècle, des meilleures pratiques pédagogiques à l’échelle mondiale et des tendances fortes telles que la transition numérique, la transition écologique et la mobilité de populations. Nous pourrons référer à M. Sá une série d’études qui ont documenté les besoins et les problèmes encourus par les francophones en matière de formation postsecondaire.
Prenant en compte cet état des lieux, l’UOF a été conçue, non seulement comme une université de langue française, mais comme une université du XXIe siècle. Elle va non seulement être au service de la communauté francophone de la région de Toronto, dont la concentration représentera bientôt la moitié de la population francophone de l’Ontario, mais elle attirera aussi des étudiants internationaux et d’ailleurs au Canada, créant des liens économiques, académiques et culturels avec des régions délaissées par la dynamique torontoise.
Le magazine Affaires universitaires est le reflet des aspirations des leaders et génies de l’innovation universitaire qui, souvent, ne réussissent pas à se tailler une place dans nos vieilles et honorables institutions.
À cet égard, l’UOF bénéficie d’une longueur d’avance : elle n’a ni passé ni lourdeur institutionnelle qui l’empêchent de concevoir l’université 2.0. Elle a ainsi intégré, dans l’ensemble de sa programmation et de son tissu organisationnel, les principes de collaboration, d’innovation, de diversité et d’utilité sociale.
Toutes les activités d’apprentissage qu’offrira l’UOF seront de nature transdisciplinaire, expérientielle et inductive et viseront à développer les compétences requises des leaders du XXIe siècle. Elle tirera profit des possibilités du numérique pour offrir des tiers-lieux à ses étudiants, qu’ils soient sur place au centre-ville de Toronto ou ailleurs dans la province et le monde. Elle connectera ses étudiants directement dans le monde réel de l’emploi et de l’engagement communautaire.
Quant à l’avenir immédiat de l’UOF, les solutions ne manquent pas afin de continuer, malgré l’annonce du 15 novembre, à développer sa présence francophone en recherche, en mobilisation des connaissances, en innovation, dans la vie communautaire et en formation.
Il faut espérer que le gouvernement de l’Ontario ne fera pas l’erreur de fermer complètement une université, ce qui, à notre connaissance, n’a jamais été fait auparavant.
Normand Labrie est recteur par intérim de l’Université de l’Ontario français.
Postes vedettes
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Doyen(ne), Faculté de médecine et des sciences de la santéUniversité de Sherbrooke
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